Quatrième de couverture :
En intégrant une association de bénévoles à l’hôpital, Gabriel devient berceur de bébés. Anna, jeune médecin, s’apprête à mettre au monde, seule, son premier enfant. Chacun à son propre combat à mener, un fossé les sépare, et pourtant leur rencontre va tout changer. Et si, ensemble, ils apprenaient à se reconstruire ? À vaincre leurs peurs et à affronter les fantômes du passé ?
Mon avis :
Comme dans chacun des livres précédents de Sophie Tal Men, l’auteure possède une écriture extrêmement douce, d’une humanité exceptionnelle. On la sent très attachée à l’ensemble de ses personnages que j’ai eu plaisir à retrouver. J’avoue être, toujours autant, sous le charme de sa plume. Des personnages à fleur de peau, qui vont trouver, tout au fond d’eux, le courage de relever la tête, d’affronter la dureté de la vie et finalement accepter de laisser entrer le bonheur. Le bonheur, qui se trouve la plupart du temps devant soi, à condition de le remarquer et d’oser l’attraper à pleines mains.
Dans ce nouvel ouvrage, Anna revient d’Argentine où elle avait suivi son amoureux. Enceinte de son premier enfant et fragilisée par le terrible drame qu’elle a vécu, elle vit un accouchement difficile. Submergée par ses émotions, elle ne parvient pas à réconforter son bébé qui ne fait que pleurer et hurler. Que peut-il bien se passer dans la tête d’Andréa, ce nouveau-né ?
Evann et Gabriel sont deux frères ayant vécu, eux aussi, une épreuve dont ils ne se remettent pas. Ils ont vu leur mère mourir sous les coups. Malgré l’amour indéfectible de leurs parents adoptifs, Giagiá et Hubert, ils demeurent marquer au fer rouge. Poussé par son frère. Gabriel intègre l’association de berceur d’enfants de l’hôpital de Brest. Marie, une amie gynéco, demande à Gabriel d’intervenir auprès d’Andréa afin de prendre le relais et soulager Anna, complètement épuisée.
Andréa se calme instantanément dans les bras magiques de Gabriel. J’ai aimé la douce comparaison du berceur d’enfants qui les endort, tels des paresseux sur leur branche, totalement apaisés et sereins. Rien que d’imaginer cette image m’émeut. Mon cœur de maman ne peut résister à tant d’amour et tendresse, patience et calme.
Les rapports entre Anna et Gabriel, qui semblent si différents de prime abord, sont loin d’être évidents. Par fierté, elle ne cesse de clamer, à qui veut bien l’entendre, qu’elle n’a besoin de rien et d’aucune aide. Pourtant, Gabriel qui a franchi les lignes de son intimité dès leur première rencontre et qu’Andréa a choisi en acceptant d’être bercé par ses bras atypiques de boxeur à ses heures perdues, va finir par devenir indispensable à leur vie.
En laissant tomber les masques, en acceptant de lâcher prise face aux douleurs du passé, en s’autorisant l’aide dont on peut avoir besoin à un moment donné, ils vont se reconnaître, se comprendre et se donner une chance d’être heureux.
J’ai été particulièrement sensible aux différents thèmes de ce livre, tant par l’amour qui y déborde, que par la résilience chère à mon cœur. Malgré les terribles épreuves que l’on peut traverser dans la vie, je crois dur comme fer au pouvoir de la chaleur humaine, au réconfort des paroles, à la tendresse et douceur d’un sourire, à la force d’un regard échangé et à l’énergie que peut procurer une présence rassurante.
Mes extraits :
• « Il y pensait tout le temps. A ces nouveaux-nés, si fragiles, si vulnérables. A ces moments où il arrivait à les faire sombrer dans le sommeil, a les faire quitter leur situation d’inconfort, à les détendre. Avec sa seule présence, sa voix, le rythme de ses bercements. C’était magique quand cela se produisait »
• « Se pouvait-il qu’il ait le pouvoir de l’apaiser, lui aussi ? Par sa simple présence ? Lorsqu’il attrapa sa petite main au vol, celle-ci se referma aussitôt sur son doigt pour ne plus le lâcher. Et il se retrouva pris au piège, contraint de rester accrocher jusqu’à ce que sa mère ne revienne »
• « Ainsi chaque soir, le berceur installait la grenouille tremblotante à plat ventre sur son avant-bras, glissait son index magique entre ses omoplates puis remontait au niveau de sa nuque, le lobe de ses oreilles, ses tempes pour finir son chemin sur son front plissé. Des spirales croissantes, à peine appuyées »
• « Giagiá serrait la main de son fils pour ne pas qu’il sombre. Avec, de temps en temps, une pression plus forte pour lui montrer qu’elle était toujours là, qu’elle ne le lâcherait pas. Pas besoin de paroles , l’influx passait à travers leurs doigts »
• « L’enfance m’a laissé des marques dont je ne sais que faire. Dans les bons jours, je me dis que c’est là que je puise ma force et ma sensibilité. Quand je suis au fond de ma bouteille vide, j’y vois la cause de mon inadaptation au monde »
• « Dans la vie, certaines choses sont écrites. Des destins se croisent et se lient. Ce n’est pas une histoire de choix, d’envie, de caprice…Non, c’est autre chose : une nécessité ! »
• « Être mère, c’était un métier à temps plein. Être mère, c’était vivre chaque instant plus intensément, respirer pour deux. Ressentir la nécessité d’être plus juste, plus forte. Être mère, c’était se réinventer »
• « Le corps n’est pas une machine. Par moments, va savoir, il sort de l’engrenage, il déraille, il dit stop ! A nous d’être à l’écoute »
• « La meilleure façon d’avancer, de ne pas te sentir coupable vis-à-vis de lui, c’est d’évoquer son souvenir, d’en parler librement…à Andréa, à moi, aux autres. Il fait partie de toi, que tu le veuilles ou non. Et il continuera à construire ta vie, ton futur…À faire déferler ses vagues jusqu’à toi »
Ma note : 8/10