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Une belle vie – Virginie Grimaldi

Une belle vie – Virginie Grimaldi

Quel roman ! Une lecture qui m’a plongée dans mes souvenirs d’enfance, m’a transportée, à fait chavirer mon cœur et qui m’a chamboulée profondément. J’ai aimé tous les romans de Virginie mais j’ai l’intime conviction que celui-ci va occuper une place bien particulière dans mon cœur. Il a provoqué des émotions intenses.

Tellement touchée par l’histoire de ces deux sœurs, Emma et Agathe. Après un long silence de plusieurs années, elles vont se retrouver dans la maison de vacances de Mima, leur grand-mère adorée qui vient de disparaître, pour passer une semaine ensemble. Parviendront-elles a rattraper le manque l’une de l’autre, à réparer le passé ?

Un roman qui nous fait naviguer entre passé et présent, du rire aux larmes en un claquement de doigts, entre légèreté et gravité. Ce fut un bonheur de retrouver le sens de l’humour de l’auteure et qui me fait fière aux éclats. Je me suis même entendue dire – Tu ris toute seule ? – Non c’est Virginie Grimaldi 🤣🤣

J’ai été attendrie par ce plongeon dans mes souvenirs d’enfance. La nostalgie s’est clairement invitée dans cette lecture. A travers les nombreuses références aux années 90 qui m’a vu grandir. Mais aussi grâce au Pays Basque pour y avoir passé plusieurs étés dans la maison traditionnelle d’amis de la famille. Pour son ocean, sa gastronomie, la Rhume, ses pottoks, ses traditions.

Virginie aborde avec pudeur et sensibilité de nombreux sujets : le deuil, l’alcoolisme, la violence, les troubles psychiques, l’endométriose, la place occupée par les enfants dans une fratrie. Entre joie et jalousie, disputes et réconciliations, avoir une sœur est certainement le gage d’avoir une amie pour la vie. Par l’importance qu’une grand-mère peut avoir dans nos vies. Cette figure solide, toujours présente, réconfortante, un repère fiable et le pilier de la famille. Celui qui a le pouvoir de rassembler.

La vie n’est assurément pas un long fleuve tranquille. Elle peut-être douce, injuste, douloureuse. Mais belle aussi. On en bave parfois, on y laisse un peu de soi, on se bat et on se relève. Elle peut faire mal, mais on s’accroche aux sourires, à l’amour, à l’espoir, on puise l’énergie dans les regards et bras protecteurs de ceux qui veillent sur nous. On affronte les difficultés avec nos moyens.

Je me dis souvent que je ne serais pas devenue celle que je suis aujourd’hui sans les épreuves traversées, qu’elle m’ont fait grandir. Que des mots et attitudes m’ont blessée mais que l’amour s’est révélé le plus fort.

Le livre est un doux retour au pays de l’enfance. Le temps de la complicité, des rires. Avec l’envie d’ouvrir la porte du grenier, dépoussiérer la vieille malle aux jouets, conservatrice de nos plus tendres souvenirs. Se laisser envahir par l’émotion. Pure et intacte. Sentir ses yeux se remplir de larmes en se disant qu’on a qu’une seule vie. De tout faire pour avoir une belle vie. Que malgré les drames et les douleurs, il y a ce bonheur irremplaçable d’avoir une sœur qui partage son existence. Se dire qu’on ne sera jamais seule et qu’à deux, on sera plus fortes pour traverser les tempêtes. J’ai tant rêver d’ancien une épaule sur laquelle me reposer, me confier, souffler un peu, me ressourcer.

Je referme ce livre bouleversée par cette fin dont je n’ai rien vu venir, les larmes aux yeux, le cœur serré mais avec cette envie farouche de bouffer la vie plus que jamais.

L’avez-vous lu ? Qu’en avez-vous pensé ? Vous tente-t-il ?

Mes extraits :

• « J’ignore comment j’aurais traversé tout ça sans ma sœur. Je mesure ma chance de ne pas être seule à porter mes chagrins. Je mesure ma chance de ne pas être seule à voir, entendre et sentir les absents. Je mesure ma chance d’avoir une tête sur laquelle poser la mienne »

• « L’amour, c’est l’unique remède au chagrin. C’est tout ce qui compte, finalement : se faire une place dans le cœur des autres et accueillir du monde dans le sien. Tu fais passer tes émotions avant ta raison, ne perds jamais ça »

• « Petite soeur. C’est ce que je suis. Je suis née petite sœur. Je mourrai petite sœur. Je suis intimement persuadée que la position dans la fratrie empreint, voire détermine, l’adulte que l’on devient . Je serais sans doute autre si j’avais été l’ainée. Le premier trace le sillage, remplit tout l’espace , aspire toute l’attention. Les parents penchés sur son existence, les inquiétudes qui l’entourent, la puissance des premières fois. Pour beaucoup, la famille nait au premier enfant. Les suivants l’agrandissent, lui la fonde. Il endosse ainsi une importance et une responsabilité que ne peuvent connaître ceux qui suivent. Eux débarquent dans un espace occupé. L’attention est partagée, les inquiétudes allégées, les premières fois déjà éprouvées. Ils ont un modèle pour se construire, « en fonction de » ou « en opposition à ». Leur caractère se définit en réaction, en comparaison : ils font plus de bruit ou moins de vagues, sont plus ceci ou moins cela. J’ignore quelle place est la plus enviable. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. Je sais juste que je suis la seconde, la dernière, la petite, celle d’après et que je l’ai profondément, viscéralement, ressenti toute ma vie »

« J’ignore si avoir partagé le même utérus nous confère le pouvoir de ressentir les émotions de l’autre, mais une chose est certaine : il existe un lien aussi inexplicable qu’impalpable entre frères et sœurs, le même qui nous permet de nous comprendre en un regard, de nous pardonner en une seconde, comme un point sur lequel voyagent les sens, un lien qui nous lacère les entrailles quand l’autre souffre et nous transporte quand il est heureux »

« C’est quelque chose, la dépression. On en parle en chuchotant, en levant les yeux au ciel, comme si c’était honteux, comme si c’étaient du cinéma. On attend de la personne malade qu’elle se secoue, qu’elle fasse preuve de volonté, comme si elle aimait ça, elle, patauger dans le désespoir, comme si elle n’espérait pas apercevoir un jour la lumière qui lui ferait supporter les ténèbres. C a fait peur, je crois. On sait que personne n’est a l’abri. Voir quelqu’un sombrer et assister à sa propre impuissance est effrayant »

Ma note : 10/10

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