Quatrième de couverture :
Dans le square Armand-Trousseau à Paris, assis inlassablement sur le même banc, il y a un vieil homme, une bouteille de côte-du-Rhône dans le sac à dos pour noyer son chagrin. Et, heureusement pour lui, il y a aussi la jeune Mina, avec son petit chien et ses questions faussement naïves : « Dis, pourquoi tu pleures ? » Du haut de ses huit ans, elle arrive à bouleverser le vieil homme à la dérive. Mais qui est-elle ? Et pourquoi revient-elle chaque jour au lieu d’aller à l’école ?
Plongez dans ce joyau dont l’auteur n’a pas voulu dévoiler son identité. Il a simplement laissé son manuscrit entre les mains de Jean-Yves Revault, dont il appréciait les travaux, en lui demandant de bien vouloir « l’arranger un peu ». Si toutefois cet ouvrage cheminait jusqu’à lui, nous aimerions qu’il sache que nous aurons toujours une pensée pour lui en poussant le petit portail du square Armand-Trousseau.
Mon avis :
J’ai lu ce livre très court, une centaine de pages, très rapidement. Mais il est très loin de m’avoir laissée indifférente. D’abord parce que ce manuscrit a été laissé par un inconnu et ensuite, par son histoire bouleversante avec cette petite fille. Dès les premières pages où elle pose ses questions pertinentes, presque de manière effrontée en montrant qu’il n’aura pas le dernier mot avec elle, on comprend qu’il va devoir se livrer, baisser la garde et affronter ses démons.
Un lieu, un banc dans un square, où ces deux êtres vont se retrouver régulièrement. Comme un rendez-vous secret, mais qui devient vite incontournable. Alors oui, on aimerait tous avoir une petite Mina pour illuminer nos jours, apporter espoir et l’envie de renaître après avoir connu des drames. L’innocence et la fraîcheur de cette petite fille, pleine de bon sens, qui par ses mots et sa tendresse, vont aider cet homme à sortir de ce mal-être qui l’emprisonne dans sa tristesse.
Dis, pourquoi tu pleures ?
Là où tout nous semble impossible lorsque la vie ne nous a pas épargné, que l’on ne croit plus en rien, où l’envie a complètement disparu, parfois une rencontre venue du ciel, miraculeuse, parvient à faire pousser des ailes et croire à nouveau que derrière le mauvais temps, le soleil finit toujours par réapparaître.
Dis, quel est ton chagrin ?
Cette petite voix fluette, grâce à ses questions percutantes, innocentes mais profondes, pousse à se reprendre en main en ne laissant pas le choix. Répondre avec sincérité car impossible de lui mentir ou faire semblant. Elle pousse le vieil homme dans ses retranchements, à aller plus loin que de simples réponses toutes faites, à affronter ses blessures les plus profondes en visant toujours juste. Non, elle ne lâchera pas l’affaire. Inutile de faire de grandes phrases, juste apporter la vérité à cette enfant qui comprend beaucoup plus de choses que son jeune âge pourrait laisser à supposer.
J’ai été touchée par l’authenticité des échanges. Par cet esprit de guide spirituel qui veille sur les personnages afin de les emmener vers un nouveau chemin de vie. Alors que « Monsieur Pièces Jaunes » a pour seul compagnie sa bouteille, rongé de solitude et de douleur, Mina apparaît comme un rayon de soleil pour rallumer les flammes qui sommeillent en lui. Un véritable miracle de l’amour comme seule la vie peut en offrir.
Comment refermer ce live sans verser une larme ? Ce livre est un véritable condensé d’émotions qui se savoure et nous fait comprendre à quel point il est important de graver les derniers moments. Afin de se souvenir de la force de l’amour et y puiser la volonté de continuer à vivre, sous le regard protecteur et bienveillant de ceux qui veilleront sur nous pour l’éternité. Une véritable parenthèse enchantée, d’une tendresse infinie.
Mes extraits :
• « La vie ne m’avait-elle pas appris combien le bonheur est éphémère ? N’est-ce pas quand on a perdu les choses, ou les êtres, qu’on découvre à quel point on y tenait ? »
• « Et pourquoi je suis ton bien le plus précieux ? – Comment répondre à une question pareille ? Je ne savais pas expliquer, juste ressentir. Ou alors il aurait fallu une longue analyse, déballer tout le passé. Je préférai lui ouvrir mon cœur : « Je crois bien Mina que c’est parce que je ne sais jamais si tu viendras, et quand tu viendras. C’est pour cela que tu ne m’appartiens pas, car ainsi tu restes libre. Et c’est pour cela que tu m’es précieuse, car tu es rare. Trop souvent, ceux qu’on croit aimer, on ne voit plus leur rareté, leur beauté et la chance qu’on a de les aimer »
• « Si t’essayais pas de toujours tout expliquer avec des mots et des phrases compliquées, peut-être que ça irait mieux pour toi. Tu sais, on peut vivre sans tout comprendre. Et même être heureux »
• « Toi, tu ne vois que le caillou disparu, le rêve perdu. Tu ne vois pas que tout à l’heure, il y aura peut-être autre chose à la place : un oiseau qui se posera, ou bien une fourmi qui viendra récupérer une minuscule miette de pain, ou peut-être que sous le caillou il y avait des petites bêtes qui étouffaient et qui maintenant respire mieux… enfin la vie qui continue quoi ! »
• « Dans ma vie je m’étais tellement entêté à ne voir que ce que je voulais voir. A me laisser berner par les apparences, par des cailloux que je croyais éternels. A passer à côté de tellement de richesses et de trésors »
• « Ce n’est pas à cause de ton rêve perdu que tu es malheureux, c’est parce que tu ne vois pas du tout ce qui pourrait naître et vivre à la place libérée »
• « Est-ce que le chagrin ça se décide ?… Remarquez, d’une certaine façon, peut-être. Qu’andin n’accepte pas la réalité telle qu’elle est, peut-être qu’on choisit le chagrin ; quand on croit qu’il ne peut rien y avoir d’heureux à la place de ce que l’on a perdu, peut-être qu’on choisit le chagrin ; quand on ne dit pas le OUI de notre cœur mais le NON de notre tête, il est bien possible qu’on choisisse encore le chagrin »
• « Là-haut, votre chagrin nous fait souffrir. Il faut nous laisser, ne pas vous accrocher. Je suis dans ton cœur pour toujours. Je veux que tu vives »
Ma note : 8/10