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Qu’une parenthèse – Gaëlle Ausserré

Qu’une parenthèse – Gaëlle Ausserré

Quatrième de couverture :

Paris, printemps 1960. Hélène, quinze ans, découvre des lettres adressées à sa mère, Solange, pendant la guerre. Toutes les certitudes qu’elle a sur sa famille sont remises en question. Solange fait alors à sa fille le récit émouvant d’un épisode de sa vie qu’elle souhaitait oublier.

En 1938, Solange est une jeune étudiante en médecine indépendante et solitaire lorsqu’elle fait la connaissance d’une famille qui va transformer son existence. Quand la guerre éclate, elle découvre l’Occupation, la peur, les arrestations et, malgré tout, des amitiés inattendues. Au cœur de cette période troublée, elle est également contrainte de faire la paix avec son passé. Au travers des yeux de Solange, les secrets entourant sa vie et dévoilent peu à peu.

Ce roman retrace l’histoire bouleversante d’une jeune femme poussée par la guerre dans ses retranchements, amenée à faire des choses dont elle se pensait incapable afin de protéger ceux qu’elle aime.

Mon avis :

Quelle belle découverte. Je ne connaissais pas cette auteure mais j’ai craqué pour la couverture de ce livre. Et je sais déjà que ce ne sera pas le dernier. J’ai toujours aimé les livres parlant de la Seconde Guerre Mondiale, bouleversée par ce que nos aïeuls ont vécu. Des drames que personne ne pouvait imaginer tant ils ont montré que l’homme était capable de l’impensable. Mais aussi que l’humain avait la capacité de résister à l’envahisseur et de mettre en place des mouvements pour sauver son prochain.

Une histoire de secret, de lettres conservées dans un coffret pour garder les traces d’un passé douloureux, que l’on aurait aimer oublier à tout prix. Mais lorsqu’on met la main sur ce qu’on a tenté de dissimuler aux yeux de ses proches, le passé refait inévitablement surface. Solange doit la vérité à sa fille Hélène. Accepter de faire revivre ses souvenirs pour confier les pans de son histoire à sa fille.

Raconter l’impensable, la souffrance de toute une vie, impossible à oublier. On découvre les confidences de Solange la gorge serrée, le ventre noué. Le récit poignant qu’elle confie à Hélène des atrocités vécues, de ce monde barbare qui a semé la terreur en plus des actes inhumains commis.

Une histoire qui n’aurait dû être qu’une parenthèse mais qui va changer le cours de la vie de Solange

La vie de Solange, qui avait tout pour être heureuse, a fini par basculer dans l’enfer. Comme tant d’autres vies à l’époque. L’écriture de l’auteure, si puissante et sincère, m’a donné cette impression de vivre le quotidien de Solange, d’être au plus près de ce qu’elle a vécu. La rage au ventre, les larmes aux yeux d’imaginer l’horreur vécue, l’enfer de ces familles éclatées par la seule haine des nazzis. La force de Solange de vouloir à tout prix occulter sa souffrance pour réécrire sa vie sur une page blanche, vierge de trop de souffrance.

Ce monde oppressant de la déportation, du sort réservé à ces familles emmenées dans des conditions inhumaines vers les camps de concentration, d’extermination d’un peuple entier. Ces camps de la mort que personne ne pouvait seulement imaginer. Ces crimes commis contre l’humanité. La Résistance organisée par les plus courageux, osant mettre leur vie en danger pour défendre la liberté de ceux qui ont pour seul malheur d’être né juif. Mais aussi découvrir la dénonciation, ceux qui par leur seule parole ont ruiné des vies entières.

Un roman qui se lit comme un récit, le témoignage d’une époque pas si lointaine que nos grands-parents ont vécu, qui doit être lu pour ne jamais oublier l’horreur de la guerre. Témoigner pour oser croire que plus jamais l’homme ne sera capable de commettre ces actes d’une barbarie atroce. Garder l’espoir que l’humain choisira toujours la protection, la solidarité et l’amour de l’autre. Une lecture précieuse qui m’a soulevée le cœur.

Aimez-vous ce genre de roman ?

Mes extraits :

« Il en va de même des secrets. Ils attendent, tapis dans le noir, à l’affût de la moindre faille qui leur permettrait de jaillir à la face du monde, blessant sévèrement ceux qui devaient justement être protégés à tout prix »

« La vie sans toi, ce n’est pas ce que je veux. Je veux cette autre vie, celle dans laquelle tu es près de moi, celle où je n’aurais pas hésité avant de te dire que je t’aime »

• « Quand on perd la personne qu’on aime le plus au monde, on réagit tous de manière particulière. Ça ne veut pas dire qu’on aime moins, on a juste une façon différente de faire face »

• « J’écouterais tant qu’elle aurait besoin de parler. Je prenais conscience qu’être mère, c’était aussi regarder son enfant souffrir sans avoir d’autres choix que de juste l’accompagner. Que cet apprentissage était dur ! »

• « Ce n’est pas un signe de faiblesse de parler de ce qui nous blesse »

• « Si croire un peu en Dieu, peu importe lequel, peut l’aider, alors laisse-la faire. On a parfois besoin de croire à des choses invraisemblables pour supporter certaines épreuves. Ça leur donne un sens. Ça permet de se dire que les injustices de ce monde n’arrivent pas par simple cruauté gratuite »

• « La guerre nous obligeait sans cesse à aller puiser en chacun de nous des ressources insoupçonnées. Elle n’était qu’un prisme qui pouvait faire ressortir le pire comme le meilleur chez les individus »

• « Sois confiante et sois forte ! Avec ou sans moi, tu auras une vie à reconstruire après tout ça. Promets-moi de continuer ta vie, même si je ne reviens pas »

« Vous ne comprenez pas. Si je reprends une vie normale maintenant, c’est comme abandonner l’espoir qu’il revienne »

• « Il faut dire aux gens qu’ils comptent avant qu’il ne soit trop tard. On pense qu’on aura tout le temps pour ça et la vie… »

Ma note : 9,5/10

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