Quatrième de couverture :
A l’école, il y a les bons élèves….et il y a Gustave. Depuis son radiateur au fond de la classe, ce jeune rêveur observe les oiseaux dans la cour, ou scrute les aiguilles de la pendule. Le garçon aimerait rapporter des bonnes notes à sa mère, malheureusement ce sont surtout les convocations du directeur qu’il collectionne. Pourtant, Gustave est travailleur. Il passe plus de temps sur ses devoirs que la plupart de ses camarades, mais contrairement à eux ou à Joséphine, sa grande sœur pimbêche et première de la classe, les leçons ne rentrent pas. Pire, certains professeurs commencent à le prendre en grippe et à le croire fainéant. A force d’entendre qu’il est un cancre, Gustave finit par s’en convaincre et voit ses espoirs s’envoler, sans imaginer qu’une rencontre peut changer le cours des choses.
Mon avis :
Ce nouveau roman d’Aurélie Valognes est un coup de cœur pour moi. J’ai trouvé les personnages très attachants, courageux, prêts à tout pour sortir de leur condition modeste grâce à leur travail et leur volonté de ne jamais baisser les bras malgré les épreuves. Gustave a su me toucher droit au cœur car c’est un vrai gentil, travailleur, certes un peu rêveur. Il souffre d’être incompris, rabaissé, souvent humilié. Il donne pourtant le meilleur de lui. Cette attitude entraîne de profondes blessures. Comment réussir à croire en soi et conserver l’envie d’avancer quand on est traité de bon à rien à longueur de journée ?
Ce livre aborde la différence et comment l’individu peut être montré du doigt et rapidement mis à l’écart. Le système s’obstine à nous enfermer dans des cases trop étroites. Les élèves qui n’arrivent pas à s’adapter au système scolaire, même s’ils ont des capacités, sont invariablement poussés vers la sortie. D’où l’importance d’avoir un bon instituteur, professeur capable d’encourager et soutenir ces élèves en décrochage scolaire. Garder de l’intérêt, être patient, avoir envie d’aider, rester pédagogue pour adapter sa manière de faire. Chaque élève doit se sentir respecté et avoir confiance en son enseignant.
Gustave a toujours eu à cœur de prouver à ses professeurs qu’ils avaient tort et qu’ils se trompaient sur lui. Les décisions des adultes entraînent cependant des conséquences, voir des changements de vie. En revanche, une seule rencontre a le pouvoir de bouleverser le cours des choses. Malgré beaucoup de bienveillance, écoute et douceur, cela reste difficile de sortir d’un schéma de dévalorisation profonde. Le chemin pour retrouver confiance et estime de soi demeure long et tortueux mais rien n’est jamais impossible à qui est bien entouré et accompagné, tout en ne cessant d’y croire. Les élèves savent majoritairement rendre au centuple ce que leur professeur leur donne d’eux-mêmes. On récolte souvent ce que l’on sème. Avec respect et compréhension, les échanges font avancer et nourrissent les cœurs des uns et des autres.
Ce livre est donc une véritable ode à tous les écoliers, aux premiers de la classe comme à ceux qui demeurent assis près d’une fenêtre à s’ennuyer ou se sentent incompris. A ceux qui ont des facilités et aux autres qui traversent des difficultés et se retrouvent en échec scolaire. Aux moqueries et mots blessants qui peuvent détruire des vies. Aux amitiés fortes qui nous font grandir et devenir les adultes que nous sommes. Aux professeurs qui s’intéressent passionnément à chacun de leurs élèves et font tout pour les tirer vers le haut, à ceux aussi pour qui il est toujours plus facile de laisser de côté les personnalités atypiques et ainsi de participer à leur exclusion, sans même tenter de les comprendre et les défendre.
Les rencontres que l’on fait, au cours de nos vies, sont souvent déterminantes dans nos prises de décisions, nous faisant emprunter des chemins différents. Nous devons croire en nos rêves et nous donner les moyens de les réaliser, souvent avec courage, persévérance et beaucoup de passion. Les efforts et le travail finissent par payer. Gardons toujours cette curiosité et cette envie d’apprendre de nouvelles choses. Tout est possible à condition d’y croire. Souvent, les difficultés, les épreuves et les obstacles se révèlent être un cadeau car ces expériences nous rendent plus forts, plus humbles.
Pour conclure, ce livre m’a énormément parlé, touché en évoquant une blessure d’enfance. Tout est extrêmement positif dans l’écriture d’Aurelie Valognes. Il faut prendre conscience que le travail, la persévérance finissent toujours par payer et qu’il est primordial de croire en ses rêves. Même si un peu de chance n’est pas de refus .Et puis ces rencontres qui bouleversent une vie, ça n’arrive pas qu’aux autres vraiment…….
Mes extraits :
• « Malheureusement, ce que certains adultes interprétaient comme de l’ironie était uniquement la franchise déstabilisante d’un enfant »
• « Ce devait être cela grandir : savoir quand taire certaines choses pour protéger ceux qu’on aime »
• « Démoraliser les enfants et leurs parents dès la rentrée n’était pas le meilleur moyen de les motiver »
• « Il découvrait que l’école n’était pas seulement un lieu où l’on apprenait, mais où, parfois aussi, l’on souffrait »
• « Personne ne déciderait de son destin à sa place et, pour s’extraire de sa condition, un seul moyen lui venait à l’esprit : l’école »
• « Ces phrases qui blessent un enfant à vie. A moins que, sans le savoir, il ne lui ait donné une rage de réussir, d’aller le plus haut possible. Pour prouver que rien n’est jamais écrit »
• « L’école est un endroit où chacun devrait avoir sa chance, encore plus s’il la souhaite »
• « Vraiment, il a un truc, ce gamin. Il n’a plus aucune confiance en l’adulte, il est dégoûté, cassé, détruit par l’école. Il croit que nous sommes ses ennemis »
• « Sa démission ne serait pas un échec pour elle, mais un échec du système. Un immense désaveu que de ne pas savoir retenir les professeurs passionnés, qui donnent tout, sans compter »
• « Elle voulait rappeler à ses élèves que même quand on a rie, on a la chance de vivre dans un pays où on peut aller chaque matin à l’école, qu’on ne s’y rend pas pour cocher une case ou pour faire plaisir à ses proches, mais pour se faire un cadeau à soi : ressortir de là avec un bagage de connaissances nouvelles, quelques diplômes en guise de passeport et, surtout, une soif inextinguible de découvrir le monde »
• « Au fond de lui, surtout, il avait peur d’échouer encore et de décevoir, à nouveau, des adultes qui avaient cru en lui »
• « Il avait quelque chose à leur transmettre de ses années de galères, de difficultés et d’incompréhensions »
• « Ces enfants ne font pas de bruit, ne posent pas de questions, se débattent tout seuls avec leurs difficultés et finissent par être des élèves fantômes »
• « Plus que de consolider ses connaissances, elle voulait qu’il répare sa confiance en lui, ce qu’il était en train de faire, pas à pas. Il se rendait compte qu’il n’était pas un incapable, mais au contraire qu’il se débrouillait mieux que d’autres et pouvait se montrer utile »
• « Ses élèves étaient son obsession, son mur des merveilles, ceux à qui elle pensait tout le temps. Rentrer chez elle et les laisser sur le pas de la porte, elle avait déjà essayé mais elle en était incapable »
• « Cette matière éveillait chaque fois chez lui un traumatisme violent. Une peur viscérale d’échouer et de se tromper »
• « Il avait suffi de peu : de l’attention, une main tendue et un peu d’amour. Parfois, dans la vie, on a besoin de trois fois rien pour être sauvé »
• « Les mots ont un pouvoir : ils soignent autant qu’ils blessent »
• « Parfois, elle avait l’impression qu’il suffisait de demander et d’expliquer les raisons à ses élèves pour qu’ils lui rapportent la lune »
• « En règle générale, on n’aime pas trop les gens qui sortent du rang, alors que, au contraire, le monde a besoin de toutes les intelligences, surtout des plus créatives »
• « Il faut faire de sa différence une force »
• « Quand on fait bien son travail, on s’attire toujours les foudres des jaloux »
• « Il était fier de venir d’un quartier où rien n’est donné facilement. Le travail, la persévérance et le courage rendaient plus riche en leçons de cirque la bonne naissance, les grandes maisons ou les belles illusions »
• « Il avait pris des coups, avait connu des expériences difficiles, mais il ne regrettait rien »
• « Je devais passer par toute cette souffrance, toute cette galère, pour que je comprenne vraiment que c’était à moi d’agir pour m’en sortir. Alors, ne laissez jamais personne vous dire que c’est impossible, qu’il ne faut pas rêver, ni espérer, ni viser trop haut, que vous ne valez rien »
Ma note : 10/10
Le site de l’auteure : c’est par ici
Sur le thème de la famille retrouvez ma critique du livre « En voiture, Simone ».
Et enfin mon tout premier article sur un livre d’Aurélie Valognes : « La cerise sur le gâteau ».