Quatrième de couverture :
A 28 ans, Rose a l’âge où l’on a d’ordinaire trouvé sa voie. Or sa vie est sans charme ni éclat. Elle ne sait pas comment allumer l’étincelle qui la fera briller, mais elle connaît la cause de ce désastre : son géniteur.
Après dix ans d’absence, elle regagne sa ville natale à la rencontre de ce père tant haï pour régler ses comptes et enfin se reconstruire. Mais, surprise, elle le découvre en soins palliatifs, dans l’incapacité de répondre à ses questions, ne pouvant que l’écouter.
Entre ses croyances d’enfant et ses rancœurs d’adulte, Rose part à la découverte de l’autre pour s’accepter. Mais comment trouver la force du pardon quand on s’est construit dans la colère ?
Mon avis :
Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse de vous parler de ce livre qui m’a bouleversée. Une histoire qui résonne profondément en moi et des mots qui ont su toucher mon cœur. Parce que quelque part, il y a un peu de Rose en moi. Des émotions qui ont longtemps été refoulées. J’ai compris, avec le temps, à quel point il est important de libérer sa parole pour avancer et se construire en apaisant son cœur. Important de mettre des mots sur ce que l’on ressent.
Un roman qui se déroule entre passé et présent. Entre souvenirs d’enfance particulièrement émouvants, où l’innocence a rapidement cédée sa place à la douleur et à la colère. Face au deuil impossible à faire, face à l’absence de celui dont elle avait besoin plus que jamais à ses côtés. Face à l’abandon, terrible et inconcevable quand on est encore qu’une petite fille. Comment se remettre d’un tel sentiment ?
Lorsque Rose apprend que son père est en soins palliatifs, elle a la volonté de mettre carte sur table et de laisser parler son cœur, libérer sa parole. Un face à face qu’elle redoute autant qu’elle en éprouve le besoin. Ce silence qui la ronge intérieurement et qu’elle a besoin d’expulser pour mieux respirer. Ne plus ressentir cet étau qui l’oppresse et la fait suffoquer.
Rose qui en veut terriblement à son père de l’avoir totalement délaissée. Un père qui a noyé son chagrin dans l’alcool et a choisi la compagnie de la bouteille plutôt que celle de sa fille. Ce livre aborde avec tellement de justesse cette incapacité à répondre présent, à tenir ses promesses. Le mal qui est fait et cette blessure d’abandon si dure à guérir. La bataille à mener pour accepter de briser cette protection érigée autour de son cœur par peur de souffrir, s’ouvrir aux autres, faire de nouveau confiance, accepter ses failles. Comprendre la détresse et le désarroi profond de la dépression. Pardonner les errances pour avancer et construire son propre chemin.
Je me suis retrouvée dans le long chemin de la reconstruction de Rose, à travers ses doutes, sa volonté de découvrir la vérité. Ce besoin irrépressible de hurler sa douleur, au point de souhaiter faire mal à celui qu’elle appelle « mon géniteur ». La chrysalide qui devient un papillon, ouvrant son cœur vers l’avenir et décidée à prendre son envol, à prendre ses propres décisions dans l’unique but d’écouter ses envies et non pour plaire aux autres.
C’est également un plongeon dans les soins palliatifs, quand l’espoir a définitivement cédé sa place à l’angoisse et à la peur de quitter ce monde dans la plus grande solitude, sans personne pour vous tenir la main. C’est s’effacer pour accompagner dans le plus grand respect, c’est accorder son pardon pour ôter la culpabilité qui ronge et offrir l’apaisement de l’esprit pour le dernier voyage. Pouvoir partir en paix et dans la dignité. C’est l’envie de se dire les choses avec sincérité, celle qui soulage, de confier ses plus grands secrets. Se dire qu’on s’aime, malgré tout, malgré nos désaccords et le mal qui a été fait. Et essayer de toujours terminer sur une note positive.
Une lecture profonde et émouvante que je vous recommande vraiment. Car la plume de Cynthia est une pépite, de celle qui ont le pouvoir d’adoucir les mœurs, redonner confiance dans les relations humaines. Apporte un réconfort certain dans les moments de doute et une envie de briser cette chaîne de la colère qui nous épuise et nous rend amère. Comme vous l’aurez compris, ce livre est un ÉNORME COUP DE CŒUR ❤️
Mes extraits :
• « Je ne me permettrais jamais de juger. On n’est pas dans la vie des gens. On ne sait pas ce qui se passe une fois les portes closes, on ne peut pas se douter des douleurs profondes »
• « Je pense qu’il entend ce qu’on dit, même quand son regard ne se plante pas dans le nôtre. Tu peux certainement en profiter pour lâcher les trucs que t’as au fond des tripes. En revanche, je voudrais bien que tu essaies quelque chose : si tu réussis à lui parler, quoi que tu aies dit avant, essaie de le quitter sur une note positive »
• « Je ne me suis jamais confrontée à lui. Pour le moment, j’écris des souvenirs de mon enfance. C’est déstabilisant, ils me reviennent comme si je les vivais vraiment. Ça me fait du mal et en même temps ça me soulage »
• « Il faut que tu apprennes à faire confiance, ma Rosie. Des déceptions, on en a tous dans la vie. Mais les éviter, c’est aussi s’empêcher de vivre de jolis moments »
• « Ces différences coexistent en toi, et elles n’ont pas besoin d’être opposées, ou séparées les unes des autres. Tu es tour à tour drôle et sensible, timide et avenante, boudeuse et gaie. A toi d’aider ces facettes de ta personnalité à vivre en harmonie. Sans les étouffer selon qui se trouve en face de toi. Laisse tes angoisses devenir le sujet de ton humour mordant, ton côté fleur bleue accompagner ta tendance à jouer aux dures à cuire. Tu as le droit d’être tout cela à la fois. Personne n’est lisse »
• « Ta carapace t’empêche de laisser le bonheur t’atteindre. L’amour, c’est beau, ça fait du bien… ça n’enlève pas les emmerdes, mais ça permet de faire front à deux, de ne jamais se sentir seul, de se dépasser aussi. Franchement, c’est une expérience à tenter ! »
• « N’aie pas peur de la mort. On ne vivrait pas les choses si intensément si elles n’avaient pas de fin. C’est comme ma série avec Tom et Pamela. Ils auraient dû arrêter le tournage avant que tout le monde ne délaisse son poste de télé. La vie, c’est pareil. Si elle devient trop longue, on finit par se faire chier comme des rats morts ! »
• « Moi, je suis l’enfant prodige qui a un cancre au fond du cœur… Un ange de glace à l’extérieur. Un sourire permanent. Une bonne humeur de chaque instant. Pourtant, à l’intérieur, tout au fond, je suis un volcan en éruption. De la lave coule dans mes veines. Je crie, secoue, tempête. Il n’y a que moi que ça embête. Je vis avec deux personnalités. Celle qui dit « oui » avec la tête, et celle qui s’offusque avec le cœur »
• « Je te pardonne tes défaillances et tes absences. Mathias m’a dit l’autre jour que si c’est notre histoire qui nous construit, c’est aussi à nous de la construire. Venir ici, faire resurgir les souvenirs, te les raconter comme j’aurais aimé le faire quand nous vivions sous le même toit, ça m’a permis de créer les bases de mon histoire. De reconstituer ma vie en accéléré. Et de la reprendre, sereinement. J’ai compris enfin ce que je voulais pour moi, et ce que je ne voulais pas. On ne revient pas en arrière, on ne rejoue pas le passé. Mais on peut le voir sous un angle nouveau »
• « Même quand on s’y attend, on n’est jamais vraiment prêt à laisser les gens qu’on a aimés nous quitter. Je ressens à la fois un réconfort à l’idée qu’il ne souffre plus, et un vide immense. C’est fini, je ne le verrai plus. Et désormais, je suis orpheline »
Ma note : 10/10