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François Roux – La vie rêvée des hommes

François Roux – La vie rêvée des hommes

Quatrième de couverture :

A travers le récit romanesque d’une liaison interdite, l’auteur de Bonheur national brut livre une fresque poignante. De 1944 à nos jours, deux hommes, l’un Américain, l’autre Français, confrontent leur amour à l’opprobre de leurs familles, aux ravages du conformisme social, au douloureux passage de la clandestinité à la légalité… La Vie rêvée des hommes ou la chronique d’une lutte historique et intime pour la défense des droits homosexuels.

Mon avis :

Une nouvelle lecture repérée grâce à The Booktrotteuses sur Instagram. Je trouve très intéressant le principe d’offrir la chance à dix lecteurs de découvrir un livre, un auteur et d’y laisser un mot avec nos ressentis. Un livre qui fera ensuite retour à l’auteur. Je valide totalement ce concept de faire voyager un livre et que l’auteur puisse en garder une trace par la suite.

Une lecture que j’ai dévorée très rapidement et qui m’a totalement bouleversée. Une histoire émouvante qui se déroule au cœur de la Grande Histoire. Tellement heureuse de cette magnifique découverte, un livre poignant.

Paul et Stanley se rencontrent à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une histoire d’amour aussi brève qu’intense qui marquera les deux hommes à jamais et laissera une empreinte indélébile dans leurs cœurs. Alors que Stanley peut enfin rentrer chez lui, aux Etats-Unis, les deux hommes sont contraints de se séparer.

Une fresque historique sur la condition homosexuelle dans le monde, face à la pression de la société et au regard de sa famille. Une lente et dure acceptation de ce qu’ils sont profondément. De 1944 à nos jours, on va suivre les deux hommes à travers leurs rencontres, leurs choix et la vie qu’ils vont se construire. Tout ce qu’ils doivent affronter à travers le temps, les épreuves que le monde leur impose. J’étais loin d’imaginer ce qu’ils ont dû traverser, obligés de se cacher, nier pour ne pas subir les pires violences.

Une réalité éprouvante qui laisse des traces. Comment se construire et assumer pleinement lorsque le monde entier s’acharne, rejette et renie la différence ? Affronter les regards, les jugements, les agressions, le harcèlement. Vivre dans le mensonge permanent et porter le poids de la culpabilité.

Une histoire qui parle d’un amour absolu et des combats menés par la communauté gay afin de vivre libre et affranchie du regard des autres. Des rencontres que l’on fait dans sa vie, déterminantes, de celles qui guident nos pas et nous aident à nous accepter tels que l’on est, sans aucun jugement. Nous défendent et nous rendent plus fort. De celles qui marquent nos vies et de celles qui la traverseront de manière furtive. Ces rencontres qui nous façonnent et nos permettent de devenir la personne que l’on est aujourd’hui.

A travers ce livre d’une justesse implacable, on ressent la souffrance, la honte de ces hommes sur le chemin de l’acceptation de soi. Il en a fallu du temps pour se sentir libre de s’afficher tel qu’on est et de pouvoir l’assumer totalement. J’ai ressenti une émotion vive lorsque la vérité s’impose et la sincérité avec laquelle elle est confessée. Des souvenirs forts et inoubliables liés aux rencontres faites dans ma vie, de ceux qui ont accepté de se confier à cœur ouvert et à cette amitié née de cette confiance absolue.

Mes extraits :

• « Depuis sa rencontre avec Stanley treize ans plus tôt, Paul n’avait couché avec aucun autre homme. Cette aventure unique, désormais lointaine, était enfouie dans la partie la plus inatteignable de son esprit »

• « Évidemment tout cela n’était pas très satisfaisant pour un type aussi reglo que Paul. Mentir, se cacher, inventer sans cesse des stratagèmes, toutes ces choses il les faisait déjà pour échapper au jugement des autres, maintenant il devait inventer des astuces pour contenter ses pulsions et se sentir un peu plus en accord avec lui-même »

« Du jour au lendemain, Paul était devenu un rôdeur, un clandestin, un hors-la-loi, ce qui était loin de lui déplaire finalement : le goût de l’interdit pimente toujours les choses quelle que soit leur nature. Il vivait aussi cette situation comme une manière de contrarier les pressions morales d’une société qui lui gâchait l’existence ; pour lui et tous les autres comme lui, c’était un moyen d’entrer en résistance contre un système de répression invétéré »

• « L’homosexualité est un état parfaitement naturel, c’est même un état de fait, une manière de vivre, nous devons apprécier notre sexualité pour ce qu’elle est, sans jamais nous sentir inférieurs ou coupables. Notre but ultime est d’atteindre une vie totalement libérée ! Et nous y parviendrons ! »

« Ce n’était pas seulement lui qui était différent, c’était surtout le monde tel qu’il l’avait vécu jusqu’à présent qui se devait de changer »

• « C’est sans doute cela la marque du véritable amour – tel celui d’un père ou d’une mère pour son enfant – , cette capacité à passer outre les pires blessures, les pires imperfections physiques, les pires déformations parfois pour se concentrer uniquement sur ce qui constitue l’essentiel et le meilleur de l’être aimé »

Ma note : 9/10

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