Quatrième de couverture :
Discrète, ordinaire, Valentine jongle entre son petit garçon Nathan, qu’elle chérit de tout son cœur, et son travail à temps partiel dans une grande surface culturelle. Pourtant, dès que la porte de leur appartement se referme, elle vit dans la terreur, redoutant la colère et la jalousie de son mari…
L’arrivée d’un couple dans l’appartement d’en face bouleverse sa vision du monde. Comment résister à la bonté de Guy, qui se conduit avec Nathan comme le grand-père qu’il n’a jamais eu ? Comment refuser la tendresse de Suzette, cette femme si maternelle ? Peu à peu, Valentine se laisse apprivoiser. Jusqu’au jour où elle commet une minuscule imprudence aux conséquences dramatiques… Mais alors, elle ne sera plus seule pour affronter son bourreau et reconstruire sa vie volée »
Mon avis :
Je découvre l’autrice avec ce livre. Ce livre est plus qu’un coup de cœur. C’est une grosse claque, une énorme prise de conscience sur un sujet qui nous concerne toutes et tous. Un thème qui ne peut absolument laisser personne indiffèrent. Une lecture inoubliable, qui nous oblige à être plus attentif aux gens qui nous entoure. On croit connaître les gens à travers ce qu’ils nous montrent, derrière leurs sourires mais que savons-nous réellement de ce qu’ils vivent une fois rentrés chez eux et la porte refermée ?
L’histoire de Valentine peut être en tout point semblable à celle d’une voisine, d’une collègue, d’une amie ou d’une cousine… On a tous des secrets bien cachés, derrière sa discrétion, ses silences ou sous ses lunettes de soleil. Mais la terreur que Valentine cache tout au fond de son cœur et sa culpabilité sont uniques. Elles m’ont fait trembler, m’ont secouée au-delà tout ce que je pouvais imaginer.
Valentine, c’est cette femme ordinaire, mariée et maman d’un enfant qui compte plus que tout. Un passé douloureux qui l’a brisée avant l’heure. Une rencontre avec celui qui deviendra son époux et qui est parvenu à lui faire croire que sans lui, elle n’est rien. Qui contrôle chacun de ses gestes et paroles. Qui lui impose toutes ses décisions pour la maintenir totalement dépendante de lui. Un homme manipulateur, jaloux, destructeur.
A travers la puissance de ses mots, l’autrice nous fait ressentir la violence de ce séisme, reflétant cette réalité sans nom que trop de femmes subissent quotidiennement. Comme emprisonnée entre quatre murs, avec la peur paralysante d’effectuer le moindre mouvement, sentant mon cœur palpiter à l’idée que cet homme puisse lever la main, frapper, donner des coups de poing ou pied jusqu’à la mort. Je me suis sentie oppressée.
Et évidemment, on ne peut que ressentir un soulagement à chaque instant que Valentine et son fils Nathan passent en compagnie de Suzette, et Guy, ce couple si attachant, profondément humain et bienveillant. Une bouffée d’air pur et une manière de se raccrocher à ces minuscules moments de bonheur. Respirer, tenter d’être soi et de vivre le plus normalement possible. Malgré la peur permanente, les mensonges, le déni.
Et une évidence qui saute aux yeux : comment aider ces femmes sans les mettre davantage en danger, sans leur faire courir le moindre risque du coup fatal. On ressent tellement d’impuissance. La meilleure volonté du monde n’est parfois pas toujours suffisante face à la brutalité.
Une lecture dure, bouleversante qui met des mots et des images sur ce qu’est la violence conjugale. Comme un uppercut en plein cœur, cette tension permanente, cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête et du moindre faux pas qui peut se révéler fatal. il est impossible de se mettre à la place, ne serait-ce qu’une seconde, de ces femmes battues, qui vivent la peur au ventre, se retournent sans cesse où qu’elles aillent et quoiqu’elles fassent.
Alors juste, un immense MERCI à Claire Norton pour ce livre au plus près de la vérité, pour réveiller nos consciences endormies sur ce qui peut se passer juste à côté de chez nous. Tendre la main, ne jamais juger ces femmes qui sont loin d’être faibles et qui ne restent pas parce qu’elles acceptent. Leur dire qu’on peut sortir de cet engrenage infernal, en préparant son départ et de se faire aider/accompagner. Cette lecture m’a tenu en haleine, impossible de quitter Valentine sans la savoir à l’abri. Sans oublier une fin à rebondissements. Un livre à découvrir impérativement.
N’hésitez pas à me laisser vos commentaires, vos ressentis concernant ce livre
Mes extraits :
• « Nathan n’est joyeux que lorsque son père n’est plus à portée de voix. Et de moi. Il aime ces moments qui n’appartiennent qu’à nous et qui nous soudent encore davantage. L’angoisse et la tristesse qui coulent souvent son regard s’effacent alors au profit de l’insouciance et de la gaieté propres à l’enfance. Je m’en veux de ne pas être capable de préserver cette innocence-là »
• « Je ne sais si vous pardonnerez un jour votre mère. Mais la vie passe vite et nous apprend a n’en retenir que l’essentiel. Nous faisons tous des erreurs. Nous sommes tous si parfaitement imparfaits »
• « Les deux femmes se serrèrent dans les bras en silence. A leur affection s’ajoutait dorénavant un autre lien, l’attachement étrange que seuls deux estropiés de la vie peuvent partager, et un double secret »
• « La réalité, Valentine, c’est que tu es aujourd’hui recouverte de cicatrices. Dans tous les sens du terme. Aussi bien profondes qu’en surface. C’est triste, parfois grave, mais ce n’est pas insurmontable. On peut vivre avec des cicatrices. Elles nous rappellent juste un accident. Un événement qui n’aurait pas dû se produire et qui a laissé des traces indélébiles que le temps pourra atténuer, mais jamais effacer. C’est comme ça. Ce qui compte, c’est ce que nous choisissons de faire de ce qui nous reste… »
• « Aucun enfant ne peut grandir et se construire de manière équilibrée dans un environnement si toxique. Tu en feras un enfant malheureux. Si Nathan grandit dans l’idée qu’il est normal de traiter une femme comme son propre père aura traité sa mère, quel reproche pourras-tu lui faire s’il venait à reproduire la même chose à son tour ? »
• « Plutôt que de chercher à devenir une autre, je crois que vous devriez partir à la recherche de celle que vous étiez, Valentine »
• « Il faut à un moment savoir repérer et saisir les mains tendues. Difficile, lorsque le vide est fait autour de soi et que les consciences restent engourdies »
• « Quel que soit cet enfer, ce qu’il faut garder en tête, c’est que l’on peut s’en sortir. Pour cela, il ne suffit pas de partir. Il faut également être déterminée à ne plus jamais revenir »
• « Lorsque le mal vient de l’intérieur, le remède ne peut venir que de l’extérieur »
Ma note : 10/10