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Cachemire Rouge – Christiana Moreau

Cachemire Rouge – Christiana Moreau

Quatrième de couverture :

Alessandra est fière de la qualité des pulls et étoffes qu’elle vend dans sa boutique de Florence. Une fois par an, elle va s’approvisionner en Asie. Jusqu’à ce coup de foudre pour le cachemire rouge filé par une jeune fille, Bolormaa. Dans les steppes de Mongolie, celle-ci mène une existence nomade avec sa famille, en communion avec la nature. Mais, lorsqu’un hiver glacial décime leur troupeau de chèvres, elle doit partir travailler à l’usine, en Chine. C’est là qu’elle rencontre XiaoLi. Bientôt, dans l’espoir de se construire un avenir meilleur, les deux amies font le choix du départ. De l’Asie à l’Europe, à bord du Transsibérien et jusqu’en Italie, elles braveront tous les dangers pour prendre leur destinée en main et tenter de réaliser leur rêve.

Mon avis :

J’ai découvert ce livre grâce à une lecture commune. Et je ne regrette pas du tout de m’être lancée dans cette aventure. L’occasion de faire de belles rencontres, d’échanger nos opinions et de découvrir une nouvelle autrice. Et j’ai vraiment passé un bon moment. Cette lecture rappelle un peu la Tresse. Une lecture touchante qui m’a fait voyager jusque dans les steppes de Mongolie. Je ne saurais dire pourquoi ces grandes étendues, cette nature sauvage et la vie nomade m’ont toujours fascinée.

Cette vie modeste, tournée vers l’extérieur et les autres, n’empêche pas d’être heureux. Les moments de partage en famille, dans la yourte, ou à s’occuper des chèvres, créent des liens d’amour profonds. Une simplicité et une générosité qui nous rappelle que lorsqu’on a rien, on n’a pas peur des autres et que la porte est toujours ouverte. Pas besoin de se barricader par crainte d’être dépossédé.

La famille de Bolormaa possède des vraies valeurs et l’adaptation à la vie en ville est plus que difficile lorsqu’on a connu cette extrême liberté de se déplacer au fil des saisons. Le parcours de Bolormaa et de son amie m’a profondément émue car il va puiser dans une force incroyable, une volonté à toute épreuve. Comment ne pas être impressionnée par ces deux femmes qui quittent leur pays, leurs familles, leurs coutumes et vont devoir affronter les épreuves, sans jamais céder à la peur ni abandonner ses espoirs. La détermination à rêver d’une vie meilleure. Dépasser la peur de l’inconnu. Un parcours qui force à l’admiration.

J’ai aimé les pensées philosophiques et réconfortantes de XiaoLi pleines de sagesse, d’optimisme. Elles redonnent de l’espoir et du courage face aux épreuves ou au désespoir. C’est un vrai guide spirituel qui permet de ne jamais baisser les bras et de toujours croire que le plus beau reste à venir. J’ai apprécié la description des paysages, le temps qui ralentit et qui offre la joie de la contemplation et qui permet d’observer tout ce qui nous entoure à sa juste valeur. Laisser son imagination vagabonder et ne rien faire d’autre. Admirer la beauté du spectacle grandiose offert par la nature, la plénitude du temps qui s’écoule lentement. Accepter de vivre au rythme du voyage en train et laisser le temps s’écouler lentement.

J’ai été évidemment très touchée par le combat éprouvant et sans pitié des migrants, semé d’embûches et encore plus quand on est une femme. Cet esclavage moderne où ces jeunes femmes paient au prix fort leur liberté. Lire à travers leur regard la peur, la crainte, l’épuisement, l’humiliation et surtout une sacré détermination.

Ce livre a été également une prise de conscience face à nos comportements et notre manière de consommer. On est, quelque part, tous responsables de la condition dramatique de ces ouvrières enfermées dans des usines délabrées, privées de liberté, épuisées par un dur labeur sans voir la couleur de ces efforts. Ces ateliers de confection qui les exploitent, qui mettent leur santé en danger pour que les occidentaux, dont nous faisons partis, puissent acheter leurs vêtements à un prix défiant toute concurrence. Derrière chacun de ses vêtements se cache les larmes d’enfants ou femmes souvent abusées, leur dignité envolée et leur désespoir d’obtenir un jour une vie meilleure.

Mes extraits :

• « Le chemin le plus long est celui où l’on marche seul »

« Comme un arbre, l’amitié grandit au fil du temps. Ses racines prennent de la vigueur et lui permettent de devenir immense et forte. Même une feuille de papier est moins lourde quand on la porte à deux. Elle songe que cette fille est désormais ce qu’elle a de plus cher. Elle est son amie , sa sœur d’infortune, sa famille, sa compagne de jours meilleurs à venir . Elle est tout »

« Elle n’appartient plus à aucune patrie, ni celle qu’elle fuit, ni celle qu’elle espère, ni celles qu’elle va sillonner. Elle n’est plus qu’une migrante clandestine, un parasite. Son prénom, qui évoque les eaux cristallines du torrent qui dévale les montagnes, qui riait telle une promesse dans le ciel indigo de la steppe, n’aura plus aucun son pour des oreilles étrangères »

« Qui a enduré souffrance sur souffrance est au-dessus des autres, aussi, quand la chance est de ton côté, il faut savoir en profiter »

• « Un sourire ne dure qu’un instant, mais son souvenir est doux et agréable »

• « Dans les jours d’abondance, souviens-toi toujours de tes jours de pauvreté »

« Mon âme qui tressaille en évoquant la steppe. Savoure la douceur d’un retour du bonheur. Incarné dans les fleurs, les herbes et les cèpes. L’amour de tous les miens incrusté dans mon cœur »

Ma note : 8/10

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