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Luna – Serena Giuliano

Luna – Serena Giuliano

Quatrième de couverture :

Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papa, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?

Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant…

Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Et si ce retour aux sources sonnait finalement l’heure de l’apaisement ?

Mon avis :

Après avoir tant apprécié les deux premiers romans de l’auteure italienne, je me réjouissais de retrouver une nouvelle fois sa plume. Impossible de passer à côté de sa plume sensible, délicate, bourrée d’humour et d’humanité. Ses personnages me touchent systématiquement et Luna peut-être encore un peu plus.

Une histoire de femmes, toutes générations confondues, avec leur passé et leurs douleurs. Des femmes attentives et à l’écoute les unes des autres. Des rencontres touchantes et un destin qui va les réunir. On y parle amitié, on s’interroge sur l’amour, sur la peur du regard et du jugement des autres. Il y a tellement de générosité, complicité et solidarité dans les romans de Serena.

Luna décide de revenir au chevet de son père et de le veiller à l’hôpital. Voir son père autant diminué lui fait mal. Malgré le fait qu’elle ressente énormément de colère à son égard et qu’elle ne lui pardonne pas des décisions prises par le passé, arriveront-ils à se parler, à se dire tout ce qu’ils ont sur le cœur, enterrer toutes ces années de silence et de reproches ? Arrivera-t-elle à se libérer du poids du passé pour enfin être heureuse ?

Son retour à Naples la replonge dans son histoire, son enfance passée dans le Palais Donn’Anna qui domine la mer et offre une vue sublime sur la mer, ses souvenirs partagés avec sa cousine Gina, caractérisée par son franc-parler et sa spontanéité. Fous rires garantis. Elles sont heureuses de se retrouver, car même si elles savent qu’elles ne pourront pas rattraper le temps perdu, elles espèrent reprendre leur relation là où elle s’est arrêtée. Cette cousine, qu’elle considère comme la sœur qu’elle n’a jamais eu, elles qui se sont confiés tous leurs secrets et qui ont grandi ensemble, mais dont la vie les a séparées.

Ce livre offre des rencontres magnifiques, sublimes et touchantes. Juste parce qu’à un moment précis, la vie a permis à leur chemin de se croiser. Des belles personnes qui vont enrichir leurs vies, les aider à trouver des réponses, une complicité merveilleuse. Luna, cette jeune femme sensible, qui va ouvrir son cœur à des personnes si différentes mais qui participeront à changer son regard et s’inscriront durablement dans sa vie.

Les chemins ne se croisent jamais par hasard

Filomena est juste une femme merveilleuse, qui ressemble tant à la grand-mère qu’on aimerait tous avoir, qui a connu cent vies différentes, à œuvré à faire le bien autour d’elle. Filomena qui m’a touchée au point de remplir mes yeux de larmes tant sa bonté, sa générosité, sa joie de vivre malgré une solitude qui lui pèse a cause de son âge.

Les amies de Luna, Fatima, Francesca et Alessandra, unies comme les cinq doigts de la main, sont très présentes. Des femmes fortes, aux parcours bien différents mais dont les différences se révèlent être leur force et leur richesse. Une amitié précieuse, basée sur une confiance absolue. Toujours là les unes pour les autres, à remonter le moral quand l’une a tendance à baisser les bras, à encourager et soutenir des prises de décision quand le bonheur est en jeu. L’amitié avec un A, remplie de bienveillance, qui rend la vie plus douce et plus légère.

Comme vous l’aurez compris, j’ai ADORÉ le nouveau livre de Serena. C’est un énorme coup de cœur ♥️. Je vous le conseille fortement, vous passerez un merveilleux moment. Vous aurez envie inévitablement de vous rendre en Italie, de découvrir Naples malgré sa saleté légendaire mais ses balcons qui plongent sur la mer, ses odeurs de pizza fritta, parmigiana d’aubergines, spaghetti a vongole devraient séduire les plus réticents d’entre vous. Comment résister à cet esprit de famille plus fort que tout ?

Mes extraits :

• « C’est si violent de voir l’un de ses parents à ce pont infantilisé. Si horrible de voir un corps démissionner, et pour lui de se voir aussi diminué devant sa fille »

• « Cette ville m’a fait tant de mal que la douleur m’a jusque-là aveuglée, et empêchée de voir les nuances. J’ai voulu me défaire d’elle, de ma vie d’avant, mais je me rends compte que c’est impossible. Ce serait comme m’amputer des deux jambes. Revenir ici remet tout en question. C’est plus facile d’être loin, plus simple de haïr à distance. Sur place, mes racines me rattrapent, me clouent au sol et m’obligent à regarder ce que je ne voulais plus voir »

• « Malgré ce qu’il a fait, il reste un être humain, un frère, un père. Personne ne mérite de crever seul dans une chambre d’hôpital. Je ne pourrais jamais lui pardonner ce qu’il est devenu, mais je me pardonnerais encore moins d’être insensible à sa souffrance »

• « Be ne veux plus porter ce poids. Je veux être libérée de notre passé. Je veux enfermer tout ça dans un vieux coffre, à double tour. Et je veux construire ma vie, maintenant »

• « J’ai l’impression que, quoi que l’on fasse, quand on est parent, on se trompe forcément à un moment ou à un autre »

• « J’ai toujours appelé ma mère en cas de besoin. J’ai trente-trois ans, et je ne saurais toujours pas me passer d’elle. Ma maman a toujours une solution à tout, elle sait tout faire, comme si elle avait vécu mille vies. J’ai l’impression de recevoir des preuves d’amour chaque jour depuis ma naissance. C’est elle, la fée qui s’est penchée sur mon berceau. J’essaie de lui rendre tout cet amour, mais je ne ferai jamais aussi bien, c’est certain »

• « Gina me manque, j’adorerais découvrir Milan avec elle. Ici, je trouve que les gens sont un peu trop bien rangés. Ils font tout bien comme il faut et ne sortent jamais vraiment des cases. On dirait qu’ils sont tous adultes. Même les jeunes. Gina, elle m’inciterait à traverser en dehors des passages piétons. Elle mettrait un peu de bonne humeur dans cette ville trop sérieuse et coincée »

• « On peut vivre sans savoir pourquoi, mais on ne peut pas vivre sans savoir pour qui »

• « Constater a quel point il est diminué me fait mal. Je pensais avoir encore un peu de temps avant de devoir me préoccuper de l’état de santé de mes parents. Ils sont jeunes, c’est trop tôt. Réaliser que tout peut basculer si vite donné le vertige«

• « Tu ne l’as fait que pour toi, pour apaiser la soif d’argent qui t’anime et qui t’a toujours animé. Tu as toujours cru que c’est ce qui faisait réellement le bonheur, mais tu t’es trompé. Ton frère n’a pas un appartement avec vue sur la mer, ni des bagnoles de luxe mais il a ses enfants et petits-enfants. Il a travaillé dur toute sa vie et n’a jamais cessé de se battre pour sa famille. C’est ça, aimer, Papa »

Ma note : 9/10

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