Quatrième de couverture :
Un matin de mai, le téléphone sonne, je réponds, « Bonjour, gendarmerie de Mantes-la-Jolie, la tombe de votre mère a été profanée dans la nuit ».
Une femme écrit à sa fille qui vient de naître. Elle lui parle de ses joies, ses peines, ses angoisses, et surtout d’une absence, celle de sa propre mère, Romy Schneider. Quand cesse-t-on d’être la fille aimée, à qui sa mère manque ? Peut-être jamais ? Peut-être quand on devient soi-même mère ?
La Beauté du ciel, premier livre de Sarah Biasini, nous emporte sur son passage. La vie demeure, envers contre tout.
Mon avis :
Dès sa sortie en librairie, la sublime couverture a attiré mon œil de maman. Une photo qui transmet merveilleusement tout cet amour maternel. Moi qui ai grandi en ayant regardé tous les Sissi à la télévision, subjuguée par la beauté de Romy Schneider, cette actrice a laissé un souvenir fort dans mes souvenirs d’enfance. Envie d d’la découvrir à travers le regard de sa fille Sarah Biasini, actrice elle aussi.
Ce livre, rempli de pudeur, m’a émue. Sarah est touchante de vérité. Elle exprime parfaitement la difficulté de grandir en étant la fille de Romy Schneider, cette maman disparue tragiquement beaucoup trop tôt, qu’elle a si peu connue. Elle a découvert l’actrice bien évidemment en grandissant mais a dû se construire sans réels souvenirs de sa mère.
Alors qu’elle s’apprête à donner la vie à une petite Anna, elle ressent le besoin vital d’écrire à sa fille. Lui expliquer ses angoisses, lui parler de cette grand-mère qu’elle ne connaîtra jamais, lui transmettre des pans de vie. Laisser une trace, des écrits, photos, ce qu’elle aurait tant aimé avoir de sa mère. Mais comment penser à tout cela quand on est dans la force de l’âge, comment imaginer pouvoir quitter la vie brutalement ?
Sarah partage avec sincérité, ses doutes, ses peines, ses joies, ses craintes à l’aube de devenir maman. La force que cela va insuffler à sa vie en ayant conscience de ne pas vouloir se laisser ronger par ses peurs pour ne pas étouffer sa fille. Ce besoin d’écrire pour transmettre la femme qu’elle est devenue, après avoir traversé les pires épreuves de la vie. En étant accompagnée, soutenue et aimée par ses proches. On découvre, à travers son témoignage, l’importance de sa grand-mère paternelle qui l’a élevée. Ce rôle de seconde maman qu’elle a endossé sans se poser de questions, avec la responsabilité qui n’aurait pas dû être la sienne.
Parler de ceux qui sont disparus, accepter de partager ses plus beaux souvenirs, afficher ses plus beaux clichés, pour continuer de faire vivre ceux qui nous ont quitté. Choisir de rester en vie pour vivre, malgré tout, de nouveaux bonheurs. Et croire en la beauté du ciel, sons le regard de toutes nos étoiles qui veillent sur nous. L’importance de transmettre pour ne jamais oublier. Un livre qui m’a totalement convaincue parce que Sarah a réussi à transformer cette douleur de la perte en une véritable force de la vie et à devenir une femme, une mère pleine d’empathie.
Mes extraits :
• « Je prends conscience de l’importance de l’impression sur papier, de la fixation du souvenir, garder une trace, voir nos têtes vieillir. Capturer la joie, la beauté, l’encadrer, l’exposer »
• « Je veux le meilleur pour toi. Devenir mère c’est devenir folle. D’inquiétude. Pour tout et tout de suite, dès ta naissance »
• « Je marche constamment sur ce fil qui lie, tendu mais incassable. La vie que tu m’as donnée, qui me reste. Une vie interrompue il y a trente-huit ans, une autre qui commence aujourd’hui. Au milieu, je suis là. Au milieu, je reste »
• « Pourquoi je t’écris ? Pourquoi cela devient-il un travail, un besoin, une nécessité absolue ? Je ne vais pas mourir. Pas tout de suite, pas dans un an, pas à quarante-quatre ans comme ma mère. Mais si jamais, je dois te laisser quelque chose de moi. J’ai si peu de ma mère, j’aurais voulu qu’elle aussi m’écrive »
• « Pour ne pas pleurer, ils doivent parler. Les vivants veulent rester fidèles aux morts. Parler d’eux pour ne pas les oublier »
• « Tous me répètent à quel point j’ai été une enfant désirée par ma mère. C’est leur devoir envers elle, disparue. La défendre, porter sa parole, sa pensée. Ils veulent que je l’entende »
• « Il n’y a pas trente-six manières de voir les choses. Sois tu suis les morts, soi tu restes en vie. J’ai bien fait d’attendre, tu es arrivée. Ne crois pas que je veuille coller une charge supplémentaire sur tes frêles épaules. Tu ne me dois rien et je te dois tout. A qui je parle ? à vous deux en même temps »
Ma note : 9/10
Pour ce récit touchant de vérité, tellement positif malgré les angoisses d’une femme qui va devenir mère en ayant perdu la sienne à un âge qui lui a donné si peu de souvenirs. Si vous aimez Romy Schneider, il faut impérativement la découvrir sous le regard de ceux qui l’ont tant aimé. Un bouleversant hymne à la vie