Quatrième de couverture :
Il n’y a pas de hasard, dit-on, seulement des rendez-vous. C’est ce que va découvrir Liz, cheffe prodige et étoilée, en partant au Pays Basque sur les traces de sa mère. Dans un petit village perdu, elle rencontre M. Etchegoyen, dandy insaisissable et plein de panache, qui lui confie les clés de son restaurant et un défi à relever : faire de sa gargote une adresse gastronomique. Mais Peyo, le chef, ne voit pas arriver cette étrangère d’un bon œil. L’un et l’autre vont devoir s’apprivoiser et affronter ensemble les fantômes de leur passé.
Mon avis :
J’ai retrouvé avec un plaisir non feint quelques personnages du précédent roman d’Anne-Gaëlle, les Demoiselles. Que j’avais énormément apprécié au passage 😉 De retour au Pays Basque, non plus dans le monde des espadrilles, mais dans celui de la gastronomie. Pour tous les amoureux de la bonne cuisine, vous qui saurez apprécier ces saveurs délicieusement relevées, je vous invite à vous saisir de ce roman qui vous fera voyager le temps d’un été à la découverte des odeurs épicées de cette attachante région.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore le Pays Basque, ce livre devrait finir de vous convaincre à y poser vos valises, le temps de déguster quelques plats typiques : axoa de veau, fromage de brebis, gâteau basque et tant d’autres plats qui sauront réveiller vos papilles. Une région au fort caractère, fière de ses racines et son histoire, un peuple attaché à son patrimoine qui sauront vont en mettre plein la vue. A l’image d’Anne-Gaëlle, auteure pétillante et généreuse, son dernier ouvrage va vous transporter dans un monde coloré, explosif afin de réveiller cette envie de se relever à quiconque a traverser des épreuves dans sa vie.
Après avoir perdu une étoile au célèbre guide Michelin, Liz est totalement désœuvrée et a perdu toute envie de poursuivre sa route sur ce chemin qu’elle aime pourtant plus que tout. Elle décide de partir sur les terres de ses origines, retrouver Rosa, couseuse d’espadrilles qui a connu sa mère, et d’affronter son passé. Trouver la force de se battre et de se relever.
La cuisine n’étant jamais très loin, elle se rappelle très vite à Liz dès son arrivée au Pays Basque. Elle rencontre Mr Etchegoyen et Peyo, ce dernier ne voyant pas débarquer cette jeune femme d’un bon œil. Dans cet endroit calme et paisible, loin de la pression médiatique du Tout-Paris, Liz va devoir affronter ses démons pour réussir à aller de l’avant et retrouver l’envie de créer de nouveaux plats. Pas évident quand on doute de tout, y compris de ses envies.
Faire équipe avec ce troublant chef Peyo, un pari à relever, des tensions à apaiser et de la douceur pour s’apprivoiser. Voilà un beau défi pour Liz, entourée et conseillée par la sagesse de Rosa, cette femme qui a traversé tant d’épreuves mais tient toujours debout grâce à sa force. Comme un guide spirituel, elle va lui confier des pans de son histoire pour l’aider à se réconcilier avec elle-même.
Ce livre m’a procuré de profondes émotions, de celles que l’on ressent du plus profond de son être lorsque la vie ne nous a pas épargné. Il est réellement lumineux, nous prouvant qu’on peut toujours se relever. Retrouver goût en la vie en étant bien entouré, renouer avec son passé et ses origines pour nous aider à dépasser nos chagrins. A travers Liz, on peut y retrouver une part de nous-mêmes, cabossés par la vie mais dont les épreuves nous ont rendu bien plus fort, grâce au pouvoir de l’amitié, l’amour, la bienveillance. Savoir être à l’écoute et tendre la main afin d’offrir une deuxième chance à ceux qui en ont besoin.
Pudeur, émotion, sincérité, passion, art gastronomique sont au cœur de ce livre que je vous conseille les yeux fermés. On quitte à regret, le cœur serré, ces personnages terriblement attachants qui nous ont offert une part belle aux plaisirs de la vie, au pouvoir du pardon et redonner l’envie de se précipiter au restaurant, afin de soutenir ces passionnés de cuisine, dont le seul but est de ravir nos papilles. Un bel hommage à cette profession si exigeante, touchée de plein fouet par la crise sanitaire. Vous savez ce qu’il vous reste à faire ?
Mes extraits :
• « A y repenser, je me demande si ce n’est pas pour elle que je suis restée. Chaque jour passé à ses côtés renforce le lien souterrain qui nous lie. Un vestige d’émotion, quelque chose de profond et d’intouché. Qui me surprend. Je n’ai aucun souvenir d’elle et pourtant…Les enfants gardent-ils en eux une trace de ceux qu’ils ont aimés puis oubliés ? »
• « Ne compte pas sur moi pour te dire qu’il faut lever le pied, poursuit Rosa. Je crois à la vertu du travail. Rien de grand ne s’accomplit sans effort, et les paresseux n’ont jamais eu ma sympathie. La chance aide parfois, le travail toujours »
• « Le seul conseil que je me permettrai de te donner, et tu en feras bien ce qu’il te plait, c’est d’accepter de te faire aider. Dans ma vie, je n’aurais rien accompli sans effort. Mais je n’aurais rien accompli seule non plus »
• « Il y a en chacun une part d’inconnu qui ne se laisse jamais saisir »
• « Cette nuit il a plu et nous partons sauter dans les flaques. Je l’ai équipée de bottes de caoutchouc rouges qui l’émerveillent. Le bonheur se tient la, dans ses cris de joie. Un bonheur qui éclabousse tout et ne se soucie de rien »
• « On a tous en nous une colère qui vient de loin, Liz. Brûlante. Incontrôlable. Certains l’expriment, d’autres l’enterrent en prétendant dompter les ombres. Ce sont eux qui m’effraient le plus »
• Rosa me parle des rencontres qui ont jalonné le voyage de sa vie. Des coups du sort qui, quand on y regarde de plus près, prennent parfois l’allure de cadeaux du destin. Des signes, des tremplins. Des bonheurs qui viennent affublés d’un drôle de costume et dont on ne reconnaît souvent la valeur que des années après »
• « Pour rien au monde je n’aurais voulu d’une enfance différente de la mienne. Une enfance en clair-obscur qui a fait celle que je suis aujourd’hui. Et que j’accepte enfin pour ce qu’elle est. Une femme cabossée, mais debout »
• « Assise au milieu des dragons en sucre, sous le regard ému d’un jeune pâtissier qui a tout d’un grand, je réalise que la vie nous fabrique sans cesse des souvenirs. Qu’il suffit de les accueillir. De leur faire une place. Et de laisser s’envoler les plus douloureux »
• « La cuisine, c’est rude. C’est autant de passion que de sacrifices. Avec moi, y a jamais eu d’histoires du soir. De baisers sur le front avant d’aller au lit. La cuisine, c’est se résigner à ne jamais dire bonne nuit à son fils »
• « Deux chagrins qui se percutent, ça fait des étincelles. On reproche souvent aux autres ce qu’on déteste en soi-même »
• « Dans la chaleur de cette cabane perdue au cœur des montagnes, je comprends enfin ce que je suis venue faire ici. Prendre le temps de me retrouver. De me rencontrer. De renouer moi aussi avec la terre. Avec mes racines »
• « Je n’ai pas oublié les mots de Rosa : le sens, ma Liz, c’est ce chemin-là qui mène au bonheur »
Ma note : 9/10