Quatrième de couverture :
« L’aile des vierges », c’est ainsi que l’on surnomme les chambres réservées aux domestiques a Sheperd House, illustre manoir du Kent où est engagée Maggie Fuller au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Petite-fille de suffragette, fille d’une sage-femme féministe, Maggie aurait pu prétendre à mieux que cette place de femme de chambre. Mais, en ces temps difficiles, la jeune femme cultivée et émancipée n’a d’autre choix que d’intégrer la petite armée d’intendants semblant vivre au siècle précédent. Elle aspire pourtant à un autre destin. Et elle n’est pas la seule au sein de Sheperd House……Contre toute attente, ce pourrait être le début de son long chemin vers l’amour et la liberté.
Mon avis :
Magnifique découverte que ce livre de Laurence Peyrin, auteure que je n’avais encore jamais lu jusqu’à présent. Je ne pensais pas que ce livre m’emmènerait aussi loin. J’ai trouvé ce roman très prenant, d’une réelle profondeur. J’ai vraiment beaucoup aimé le style d’écriture de l’auteure qui détaille chaque personnage, chaque lieu avec une telle vérité que je n’ai eu aucun mal à vivre auprès d’eux totalement. Beaucoup de thèmes sont abordés, aussi différents que passionnants les uns que les autres.
L’histoire se déroule en deux étapes : d’abord en Angleterre, puis aux Etats-Unis. Après la mort de son mari, Maggie Fuller semble avoir perdu ses illusions et se voit dans l’obligation d’accepter le poste de domestique. Elle va y révéler un caractère loin d’être docile, avec un esprit rebelle et militant envers la condition féminine.
Maggie est toujours guidée par les valeurs transmises par les femmes de sa famille. Son passage dans ce manoir, et dans la vie aristocrate de la famille Lyon-Thrope, va entraîner un grand bouleversement dans sa vie.
Afin d’étouffer un scandale, elle décide de partir pour les Etats-Unis. Elle y fera des rencontres qui lui ouvriront des portes et trouvera un emploi d’assistante sociale dans un centre médical où elle luttera contre les inégalités, le respect des droits des femmes. Elle va se sentir utile et mener ce combat pour les femmes au nom de l’héritage familial, tout en prenant conscience des erreurs commises par le passé. Elle va décider de certaines associations qui lui feront gravir l’échelle sociale. Mais sera-t-elle heureuse pour autant ? Réussira-t-elle à se détacher complètement de son passé ?
Maggie va devoir puiser au fond d’elle l’énergie pour avancer, rester debout et en vie malgré les nombreuses épreuves. Jamais elle n’abandonnera ses rêves, sa motivation afin de devenir la femme qu’elle a toujours voulu devenir. Une femme forte, digne, indépendante, moderne dans chacune de ses décisions. Et totalement libre dans ses pensées, ses paroles et son attitude. Personne d’autre qu’elle peut changer le cours de son histoire.
Maggie va écrire sa fabuleuse histoire au fil de ses décisions. Derrière sa farouche envie de devenir quelqu’un se cacherait-il un amour tellement évident qu’il en deviendra immortel ? Parviendra-t-elle à concilier ses rêves et l’amour sans jamais ce perdre ?
De nombreux personnages secondaires tiendront un rôle important dans la vie de Maggie et feront d’elle la femme qu’elle deviendra.
Pour terminer, je dirai que ce livre s’est révélé passionnant et enrichissant grâce notamment au caractère bien trempé de Maggie qui restera longtemps gravé dans mon esprit et aux nombreux thèmes abordés. Je vous le conseille fortement.
Mes extraits :
• « Ses agressions maladroites cachaient un désir éperdu de bienveillance – qu’on lui dise ce que personne ne lui avait jamais dit, surtout pas sa mère : ce que tu as fait était admirable »
• « Elle était perdue entre deux mondes parallèles. Dans l’un, un époux qui s’égarait dans sa souffrance, se livrait sur elle à des gestes irrémédiables, haïssant la femme debout qu’elle était ; dans l’autre, un inconnu attentif qui par ses caresses célébrait sa féminité »
• « Elle doutait des capacités d’un homme de son rang a tout quitter. Il avait sur lui le poids des traditions, d’une famille, une entreprise, une place dans la société. Alors que pour elle, partir serait facile car elle n’avait rien »
• « C’était un amant doux, attentif. Elle se disait que son appréhension disparaîtrait avec le temps, puis elle avait un vertige : c’était une vraie relation au long cours qui commençait, à laquelle elle n’avait pas défini de point final »
• « Elle lui raconta l’étrangeté de la rencontre, la liberté qui y présidait, les étreintes furieuses et les tendres réveils. Les infinies discussions sur l’oreiller, les délicieuses joutes verbales. Elle lui raconta l’émerveillement amusé du début, et la sidération de l’amour, ensuite »
• « Maggie voulait que quelque chose témoigne du passage de cet homme dans sa vie. Que quelqu’un sache un jour, plus tard, si jamais…. »
• « Pour Maggie, il était simplement l’âme sœur, l’improbabilité d’une rencontre, le hasard de deux petits points sur une mappemonde, tous les deux au bon endroit »
• « L’amour c’est ce que les mots ne peuvent pas dire »
• « Quand on est débarrassé du problème de la séduction, on peut s’employer pleinement à l’art de l’amour, en virtuose »
• « La Clémencie de Sir Albert. Celle qu’il n’a pas épousée, justement. Celle que personne n’a jugée. Celle que la vie n’a pas abîmée, et le dernier souvenir qu’il vous restera peut-être, quand vous serez vieux et gentil »
• « Elle s’était trompée sur la brièveté de leur histoire. Cet homme était interminable »
Ma note : 9,5/10