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J’ai failli te manquer – Lorraine Fouchet

J’ai failli te manquer – Lorraine Fouchet

Quatrième de couverture :

Lise et Cerise n’ont en commun que la rime. Tout oppose la mère et la fille. D’ailleurs c’est simple, Lise voulait un garçon. A la mort d’Axel, mari et père adoré, les deux femmes se retrouvent en tête à tête, et se repoussent comme des aimants réfractaires. Mais une inconnue s’invite dans l’équation. Elle efface tout, même les ressentiments, et apporte d’inespérées retrouvailles. Car il n’est jamais trop tard pour s’aimer…Dans la famille Venoge, on se déchire avec panache. Pourtant, la tendresse est bien là, en embuscade, et lorsqu’elle s’engouffre enfin dans la brèche, elle transforme les années perdues en heures gagnées. Lorraine Fouchet nous l’affirme, le bonheur est réservé à tout le monde.

Mon avis :

J’attendais avec énormément d’impatience ce nouveau roman de Lorraine Fouchet. J’éprouve une tendresse particulière pour cette auteure qui nous offre à chaque fois des personnages forts et nous fait voyager. Cette fois-ci, la couverture est sublime et le titre parle de lui-même. Entre Quiberon, l’île de Groix et la Namibie, un nouveau voyage s’offre à nous avec toujours des émotions fortes.

Une histoire de femmes, d’une relation compliquée entre une mère et sa fille. Une famille qui s’est construite sur les failles et blessures de la guerre. Lise et Axel se marient rapidement après s’être rencontrés. Elle rêve d’avoir un fils, lui plusieurs enfants qui lui rappelleraient les moments de bonheur vécus dans sa fratrie. Lise mettra au monde une fille Cerise avec laquelle elle aura toutes les difficultés à créer un lien maternel. Elle ne se montre aucunement affectueuse envers sa fille. Elle se sent plus épouse que mère.

Lorsqu’Axel meurt subitement d’une crise cardiaque à l’approche des dix-huit ans de Cerise, les deux femmes vont devoir apprendre à vivre ensemble. Dans l’ombre de l’amour fort qui unissait le père et sa fille, et de leur passion commune de l’écriture, les deux femmes vont continuer à se déchirer et ne parviennent toujours pas à s’entendre. Des paroles blessantes fusent, telles que « j’aurais préféré que tu meures toi plutôt qu’Axel ».

Le jour de la mort de son père, Cerise à également surpris une conversation entre des amis de la famille dans un train. Ces derniers supposent que Cerise aurait été adoptée car sa mère suffisait largement à son père. Une rumeur qui va entraîner de douloureuses interrogations et un doute persistant. Malgré tout, Cerise répondra toujours aux appels à l’aide, inventés ou exagérés, de sa mère.

Lise est véritablement un personnage complexe. Dure à cerner et à comprendre, elle apparaît sous plusieurs facettes. Courageuse pendant la guerre, sublime au bras de son mari écrivain duquel elle ne cessera de défendre son œuvre après sa mort, tourmentée et vulnérable en femme veuve et esseulée, maladroite envers sa fille…

Lorsque la maladie apparaîtra et que les souvenirs de Lise s’échapperont, qu’elle oubliera leurs querelles, désaccords et incompréhensions, leur relation s’apaisera naturellement. Comme son père le lui a demandé, Cerise veillera sur sa mère, devenue ce « lapereau » aussi tendre que doux. Elle va prendre soin de celle sans qui elle n’existerait pas et lui offrir de l’attention, du temps, de la douceur, de l’amour…Cerise pardonnera à sa mère car elle a aimé ces moments de tendresse partagés pendant les années de sa maladie et parce qu’elle comprendra le passé de sa mère, d’autant plus lorsqu’elle découvrira ce secret qui a hanté sa vie. Elle n’a aucun esprit de revanche.

J’ai parfois eu du mal à m’attacher au personnage de Lise, blessante dans ses paroles envers sa fille. Elle m’est apparue plus chaleureuse à travers sa fragilité. Diverses émotions m’ont traversé : de la peine de voir Lise et Cerise se déchirer et incapables de s’aimer, du gâchis d’avoir perdu autant de temps pour se montrer qu’elles s’aimaient, d’être passées à côté d’une relation saine et apaisée tant qu’elles avaient leur âme en pleine conscience. Bien sûr, on fait tous des erreurs, on ne naît pas mère mais on le devient. On est aussi ce que la vie nous apprend. Mais une chose est certaine, on a qu’une seule maman et notre devoir, notre responsabilité est de prendre soin d’elle comme elle l’a fait pour nous ❤️.

Ce livre est un beau message d’amour envers un père adulé, disparu trop tôt et une mère remplie de maladresses mais dont la force des sentiments finit toujours par apparaître. Et que le manque de ses parents nous plonge dans un vide abyssal dont il n’est pas facile de se relever.

Mes extraits :

« La femme qui portera mon nom est la plus belle de Paris. Quand je la regarde, j’oublie tout le reste, les femmes précédentes, les bons copains, mes frères disparus, mes sœurs et mon frère survivant dont je suis si proche. Lise est une sirène. Nous allons nous engager pour le meilleur et pour le pire »

• « Si je disparais, souviens-toi que je t’aime autant que j’aime écrire. Sois une chic fille, honnête, aimante. Et occupe-toi de ta mère. Trouve ton plan de vol personnel, le juste endroit de ta vie. Et décolle »

• « Dès l’enfance, j’ai su que je pourrais devenir ce que je voulais, à condition de me battre. Ton absence est un déchirement, papa, mais maman m’insuffle parfois une force inouïe »

• « Elle est fière et digne, cette bicoque, trop petite pour une famille de Parisiens bobos. Il lui faut des incongrus, des aimants, des blessés, un veuf qui vole, une petite fille aux yeux clairs avec une peau ni blanche, ni noire, ni ocrée »

• « Elle vit sur une autre planète, dans une solitude abyssale que je n’ai pas le pouvoir de combler, ça part de trop loin, c’est ancré trop profond »

• « Quand on est jeune, on n’imagine pas tout ce qu’on doit faire pour prendre soin d’une personne âgée. Il faut désormais tout prévoir, réfléchir et trancher à la place de maman »

• « Maman m’aime, elle et heureuse, je suis une bonne fille, j’ai tenu ma promesse. Je suis forte pour nous deux, je me démène pour lui offrir une vieillesse paisible, tout est possible, même la tendresse »

« A la seconde où maman cesse de respirer, je sais que son absence creuse un trou dans mon cœur. On s’est déchirées, affrontées. Mais j’ai aimé le doux lapereau de nos dernières années. C’était mon devoir et ma responsabilité de la protéger des prédateurs »

• « L’âge, la coiffure, les robes, le vernis à ongles, les escarpins, le maquillage n’ont aucune importance là où on va après. Seules les émotions comptent, les retrouvailles et les rencontres »

• « Le départ de maman crée un vide immense. Quand on n’a plus de parents, on a juste le choix d’être adulte »

Ma note : 8/10

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