Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler de ce roman inclassable. Première fois où je me suis dit que j’allais avoir du mal à trouver les mots justes pour exprimer mon ressenti. Car ce livre m’a profondément déstabilisée. Une lecture totalement déroutante, au point d’avoir envisagé de ne pas la terminer. Mais j’ai eu mille fois raison de persévérer. Inconsciemment, j’ai dû sentir que cette histoire tenait sur le fil, comme cette impression d’avoir la réponse sur le bout de la langue…, sans parvenir à l’identifier.
Je suis passée par un ascenseur émotionnel. Rares sont les livres qui m’ont procuré cette étrange sensation de ne rien maîtriser, de ne pas parvenir à saisir où l’auteur souhaite nous emmener. Véritablement chamboulée par ce livre qui m’a fait me poser des tas de questions, sans parvenir à trouver la moindre direction, comme située dans une impasse sans aucune issue. Impuissante à deviner le lien, pourtant perceptible et indéfinissable, qui unit Banche et Lubin. Un sentiment invisible qui nous tient en haleine du début à la fin.
Quel rapport peut donc exister entre la disparition d’un chanteur de pop britannique, un homme de dos avec une valise bleue dans un aéroport et le bon goût des Palmito ? Aucun me direz-vous ! J’avoue aussi avoir ressenti cette même impression, de penser mais que peut bien signifier cette histoire ? Bien sûr, la curiosité m’a titillée… C’est le mystère, en tout cas, que vont devoir résoudre, chacun de leur côté, Lubin et Blanche. Un concours de circonstances, qui n’a rien d’une coïncidence, va les rapprocher pour mieux les contraindre aux souvenirs.
Lubin a grandi dans la Cité des Marronniers, où siège au centre de la place, un orme, entouré de ses amis. Il y vit encore avec Céleste et leur petite fille de trois ans. Blanche a quitté son emploi de chef de projet pour travailler dans une boutique située à l’aéroport de Roissy.
Je suis restée sur cette incapacité à résoudre l’énigme posée par Olivier, scotchée par cette lecture sans y trouver le moindre indice, ce qui m’a profondément perturbée. En général, je réussi toujours à émettre des hypothèses mais là, aucune piste ni la moindre idée vers laquelle me diriger. Alors, rien que pour cela, j’adresse mes remerciements à l’auteur. Et la couverture du livre, qui m’a tant intriguée dans mon choix de découvrir ce roman, prend tout son sens dans les cinquante dernières pages.
Dans un dernier élan magistral, la vérité explose de plein fouet. Je suis restée bouche bée face à ce roman déconcertante, mené de main de maître. Je ressens également le besoin de me plonger une seconde fois dans cette histoire, afin de mieux analyser et ressentir les mots de l’auteur et m’en imprégner totalement.
Avez-vous lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous envie de le découvrir ?
Je vous souhaite une belle et douce soirée.
Mes extraits :
• « La valise bleue et les mélodies de Mark Hollis cohabitaient, incendiaires, à la lisière de sa conscience ; leurs présences étaient comme ces réponses familières qu’on avait sur le bout de la langue mais qu’on ne parvenait jamais à ramener dans le verger de sa lucidité »
• « Ce jour-là, Lubin s’était décidé. Il avait mis au point un plan pour que l’accostage se fasse tout en douceur. On n’entre pas dans le port de plaisance de Blanche sans faire de délicates manœuvres. Elle était un petit Saint-Tropez à elle toute seule tandis que lui, le rustique sardinier, devrait la jouer fine pour venir effleurer son ponton »
• « Vous pouvez continuer à vivre avec vos angoisses. Elles ne sont pas si méchantes après tout. Vous aurez parfois peur et vous vomirez de temps en temps à la vue d’une valise bleue sans roulettes mais, dans le fond, on n’en croise pas si souvent que cela. Vous aurez une sainte horreur des chansons de Mark Hollis aussi, mais on peut facilement éviter ce genre de musique. Si vous souhaitez vivre avec Pierre, et construire avec lui votre nouvelle vie, il vous suffit de glisser cette enveloppe dans cette tombe. Si vous souhaitez au contraire connaître votre vérité avec le risque de voir s’écrouler tout ce que vous avez déjà bâti, il faudra choisir de lire ce que j’ai écrit. Je sais que mon secret est aussi votre vérité »
• « Les blessures d’enfance ont cette capacité à se tapir dans une sombre cage au plus profond de vous. Les morsures de l’ombre ne disparaissent pas, elles se font discrètes et mutent pour les plus chanceux, et elles attendent le moment opportun pour vous happer, vous mordre au cou et ne plus jamais vous lâcher. Ces blessures qui brûlent et gangrènent, aiment à vivre avec vous sans se lasser d’elimer vos bonheurs lorsqu’ils se présentent »
• « Aujourd’hui son visage de femme ne trahit cependant aucune tragédie : on ne perçoit que trop rarement les plaies et les écorchures causées par les griffes des adultes »
Ma note : 8,5/10