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Soixante secondes de bonheur – Bruno Combes

Soixante secondes de bonheur – Bruno Combes

Quatrième de couverture :

Décembre 1999, la tempête du siècle dévaste la forêt des Landes. Au milieu du chaos, Elena et Sébastien tentent de faire face à leur passé. Leurs enfants, Océane et Maxime, malgré les peurs, ne comptent pas renoncer à leurs rêves.

Et si d’un drame pouvait ressurgir l’espérance ?

Mon avis :

Que vous évoque ce titre ? Moi tant de choses. Savourer, contempler, admirer, aimer. Le temps peut sembler s’arrêter quand on se pose, sans réfléchir, sans pensées qui parasitent notre esprit. Envie de profiter pleinement, totalement du moindre petit bonheur, regarder les étoiles en ayant des rêves pleins la tête. Oser se donner les moyens de les réaliser et vivre au plus près de ses convictions les plus profondes. Savoir faire place à l’inattendu, aussi, sans craintes…

Quel bonheur de retrouver la plume remplie de délicatesse et de douceur de cet auteur cher à mon cœur. Depuis la lecture de Seulement si tu en as envie, qui m’avait tellement touchée, je reste fidèle à cet écrivain qui est un véritable coup de cœur systématique. Rares sont les auteurs masculins qui parviennent à me procurer autant d’émotions. Peut-être est-ce dû à sa sensibilité, à son extrême douceur, sa sincérité. Il est juste impensable pour moi de rater la sortie de chaque nouveau roman, car j’ai toujours l’intime conviction que ses mots parviendront à trouver écho en moi.

Place désormais à ce que j’ai ressenti à travers cette nouvelle lecture. Outre les introductions à chaque nouveau chapitre dont je ne peux m’empêcher de surligner les passages tant ils sont empreints de vérité, cette nouvelle histoire m’a séduite. Je me suis laissée emportée par mes propres souvenirs de cette terrible tempête de la fin d’année 1999 qui réveille, en chacun de nous, nos peurs et craintes face au changement climatique, à la destruction massive de nos forêts. Des images douloureuses, violentes qui ont marqué nos esprits. Je n’oublierai jamais les images de cette nature dévastée, comme une apocalypse.

Deux adultes qui s’interdisent d’aimer.

Deux adolescents qui se découvrent.

Un livre qui évoque les dégâts de la tempête de 1999, de la loi de la nature capable de tout détruire. D’êtres abîmés par la vie qui ne demandent qu’à être réparés. De la vie plus forte que tout malgré les drames, la maladie, la solitude. Des rêves, des envies de s’offrir un nouveau départ, de croire en un jour meilleur et en l’amour qui donne des ailes et nous relève. Des tempêtes intérieures que chacun a en soi, apprenant à vivre avec. Celles qui nous rendent plus fort.

Elena et Sébastien, deux êtres que tout oppose et qui n’auraient jamais dû se rencontrer. La tempête en a décidé autrement. Ils vont devoir faire face à leurs angoisses, à leur passé, aux barrières de protection qu’ils se sont construites pour ne plus souffrir. Une attirance réciproque, une évidence qu’ils refusent de voir. Alors oui, les décisions sont plus dures à prendre à 40 ans que lorsqu’on en a 20, mais a-t-on le droit de laisser passer le bonheur lorsqu’il nous tend les bras ?

On a tous un passé, un vécu qui nous a blessé. On a pourtant le choix, soit de se renfermer sur soi-même, soit de s’ouvrir à l’autre. Décider de la direction que l’on souhaite donner à sa vie. Croire en un avenir plus doux. Le hasard peut faire basculer nos vies vers un chemin lumineux, rempli de promesses. Ce roman se lit comme un doux rêve que l’on souhaite voir s’accomplir. Une lecture pleine d’humanité comme je les aime profondément. Alors que l’on est 20 ans, 40 ou 60 ans, j’ai juste envie de vous dire de foncer, oser et que le bonheur se trouve au bout du chemin. Chacun son cheminement, sa prise de conscience, son déclic. Mais une chose est sûre : tout le monde a le droit à ses soixante secondes, minutes, heures… de bonheur.

Mes extraits :

• « Je ne sais pas si on se trompe, on fait ce qu’on peut avec ce qu’ils nous offrent. Car un enfant, quel qu’il soit, quels que soient ses handicaps et ses forces, c’est d’abord un cadeau »

« Les souvenirs, c’est en même temps ce qu’il y a de plus doux et de plus angoissant. Ils nous permettent d’avancer et de construire notre avenir, mais aussi nous sclérosent lorsqu’ils sont trop pesants. Les souvenirs ne changent pas, contrairement à nous qui, chaque jour, évoluons. Alors que faire ? Nous contenter d’un rassurant immobiliste qui nous apaise lorsque la mélancolie s’installe, ou choisir de conserver les bons moments et d’assumer les mauvais pour se reconstruire et aller de l’avant ? »

• « Nous vivons dans un monde où la force est la règle et la douceur l’exception, où un homme vêtu d’un costume sera mieux considéré qu’un mendiant en guenilles. Nous vivons dans un monde où l’argent est signe de réussite et la pauvreté un vecteur de méfiance, où la parole de celui qui hurle aura plus de portée que celle de celui qui réfléchit. Nous accordons trop d’importance à ce qui est matériel, quantifiable, visible, alors que la richesse, la vraie, est celle de nos âmes, nues et vulnérables »

• « Certains hommes sont comme les arbres : à mesure que le temps passe, ils s’enracinent, prennent de la vigueur et de la force. Ils se tournent vers la lumière et grimpent aussi haut qu’ils le peuvent »

• « Regarde et dis-moi ce que tu vois. – Des vagues qui s’étalent sur le sable. – P’us loin, tu n’aperçois rien d’autre ? – De l’eau à perte de vue ! – Encore plus loin ! – Non, je ne vois pas. – Alors, ferme les yeux et imagine ce qu’il y a au-delà de l’horizon. – Aide-moi. – Tant de rêves à vivre… »

• « Combien de temps passons-nous à focaliser nos pensées sur le superflu et l’abondance, persuadés que l’accumulation de choses matérielles nous guidera sur le chemin d’un bonheur préfabriqué, mais acceptable ? Cela dure parfois toute une vie ! Alors que l’essentiel réside dans la simplicité, l’échange, l’amitié, l’amour et la découverte des autres. Cessons d’accumuler l’inutile et tournons-nous vers la légèreté »

• « On sait peut-être rien de la vie, mais ce qui nous crève les yeux on le voit. Et vous, les adultes, des fois on a l’impression que vous avez des œillères. Ou que vous fermez les yeux pour ne pas voir »

Ma note : 9/10

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