Fermer
Se le dire enfin – Agnès Ledig

Se le dire enfin – Agnès Ledig

Quatrième de couverture :

De retour de vacances, sur le parvis d’une gare, Edouard laisse derrière lui sa femme et sa valise. Un départ sans préméditation. Une vieille romancière anglaise en est le déclic, la forêt de Brocéliande, le refuge. Là, dans une chambre d’hôtes environnée d’arbres centenaires, encore hagard de son geste insensé, il va rencontrer Gaëlle la douce, son fils Gauvain, enfermé dans le silence d’un terrible secret, Raymond et ses mots anciens, Adèle, jeune femme aussi mystérieuse qu’une légende. Et Platon, un chat philosophe. Qui sont ces êtres curieux et attachants ? Et lui, qui est-il vraiment ? S’il cherche dans cette nature puissante les raisons de son départ, il va surtout y trouver sa raison d’être.

Mon avis :

Agnès Ledig fait indiscutablement partie des auteurs qui me touchent le plus. Son écriture, remplie de douceur, de sensibilité et d’amour, me va droit au cœur. Je m’y retrouve à chaque fois. Je prends mon temps pour lire ses pages afin de m’imprégner totalement de son univers, de l’endroit où elle veut nous emmener.

Agnès Ledig nous offre, une nouvelle fois, des personnages tous plus attachants les uns que les autres, qui renferment chacun leurs secrets, parfois lourds à porter. Des personnages abimés par la vie mais qui cherchent, au plus profond d’eux, le courage de s’en sortir.

L’Amour est incontestablement le fil conducteur de cette histoire. L’amour qui donne la force d’avancer, de continuer à y croire toujours, de se relever et de conserver une raison de vivre même lorsqu’on peut être plongé au fond d’un abîme. L’amour offre les plus belles et les plus fortes émotions et demeure notre principale raison d’être.

La nature est également au cœur de cette histoire où chaque personnage y trouve calme, silence, solitude pour mieux se retrouver. La forêt de Brocéliande va leur permettre de se recentrer sur les odeurs, d’écouter le murmure des arbres et des herbes et leur offrir un apaisement évident. Ce rapport à la nature nous donne envie de s’y relier plus régulièrement, avec la liberté qu’elle apporte. Au fil de promenades qui offrent la possibilité de nous recentrer sur soi et de libérer nos émotions.

Tous les personnages se sont réfugiés à Brocéliande pour fuir leur propre douleur, s’éloigner d’une vie qui ne leur correspond plus ou échapper à un destin sombre. Ils vont s’apprivoiser naturellement avec douceur, discrétion, écoute, bienveillance et toujours énormément de respect. Edouard, qui ne sait plus où il en est, va prendre soin des autres et tenter de délier le fil des vies qui l’entourent. Tout en réfléchissant sur sa vie passée, ses erreurs, ainsi qu’à la direction qu’il souhaite donner à sa vie. Un lien indéfectible entre les personnages rend le récit d’une extrême douceur.

Doux Chemin sera donc le point de départ de nombreuses réflexions. Au cœur de la douceur de vivre à la campagne, sans téléphone, ils vont apprendre à être plus attentifs les uns aux autres. Ils suivront leur instinct pour découvrir la vérité cachée au fond des cœurs. Des révélations remplies de franchise pour se libérer d’un poids, accepter son passé, dépasser ses craintes et sa culpabilité afin de ne plus penser qu’à son avenir. Des personnages tendres, honnêtes et généreux qui savent faire du bien autour d’eux. Edouard parviendra t-il à prendre les bonnes décisions ?

Ce que j’ai le plus aimé dans ce livre, c’est ce retour à l’essentiel et à la simplicité. Ce lien à la nature qui fait véritablement du bien, à la sérénité qu’elle est capable d’apporter. L’amour dont nous avons tous besoin et qui nous réchauffe le cœur. Aux valeurs humaines toujours très présentes dans les romans d’Agnès Ledig : la bienveillance, l’entraide, le respect. Et les nombreux messages, transmis au fil des pages, qui nous font réfléchir également sur toutes ces choses dont nous n’avons plus envie de rater. Apprendre à vivre au jour le jour. Se donner les moyens de réaliser nos rêves. Toujours faire confiance à la vie. Il n’est jamais trop tard pour être heureux. Être en accord avec nos convictions les plus profondes. Et que les grandes décisions se prennent toujours seul. Écrire les moments de bonheur pour ne jamais les laisser s’échapper et encore moins les oublier. Les relire nous plonge dans des émotions à fleur de peau. L’importance des rencontres que nous faisons et qui remplissent nos cœur d’amour, amitié, authenticité.

Et comme le titre l’indique si bien, les mots ont le pouvoir de libérer, soulager, guérir. J’avoue déjà que je ne serais pas contre une suite afin de découvrir le chemin parcouru par Édouard, Gaëlle, Gauvain, Adèle….s’ils ont réussi à trouver le chemin du bonheur, de l’apaisement et à dépasser les difficultés de la vie…..

Mes extraits :

« Il avait suffi de quelques mots pour réduire en miettes les certitudes sur lesquelles il avait construit jusque-là son existence »

• « Gaëlle considérait les autres avec délicatesse. Ainsi se livrait-on à elle avec spontanéité et confiance »

« Il lui avait semblé si torturé en arrivant. Voir souffrir les autres lui était pénible, et elle cherchait toujours à redonner des couleurs aux cœurs en peine. Elle savait à quel point la nature pouvait apaiser les organismes et les pensées »

• « Pas besoin de mots entre eux. Les émotions parlaient sans se soucier du moindre discours. La jeune femme aimait en Gauvain cette capacité qu’il avait de réconforter en silence. Juste un sourire. Juste une tête posée sur l’épaule. Juste une main. Juste lui »

• « Il décida de prolonger cet instant de pleine liberté, dont il appréciait la nouveauté, la profondeur, la richesse. Il en mesurerait bientôt la nécessité »

« Nous sommes seuls responsables de ce que nous acceptons »

« Il sut qu’il avait déjà perdu trop de temps dans une existence qui lui promettait si peu de nouveaux printemps. Il était urgent de donner du sens à chaque nouvelle seconde. Pour compenser les heures, les jours, les années passés à ne pas en trouver »

• « Personne ne pouvait soupçonner la force du lien entre eux. De ces liens étranges qui existent déjà avant que les êtres se connaissent et frappent la rencontre du sceau de l’attachement inné et indéfectible. Ce qu’on ne dévoile à personne, ils se le partageaient »

• « Jamais il ne pourrait retrouver la pâleur de sa vie d’avant. Il voulait se réveiller, vibrer, crier, aimer »

• « Tu sais, les gens sur qui nous pouvons compter quand nous en avons vraiment besoin sont rares. Ceux qui ne se défilent pas, ne trouvent pas de fausses excuses. Sois celui sur qui elle peut s’appuyer »

• « Rencontrer l’excellence, la qualité suprême, pouvait rendre la banalité insupportable. L’amour pour elle en était l’exemple le plus criant »

« Que veux-tu ? Avec qui ? Pourquoi ? Comment ? Pose toi ces questions mille fois et agis »

• « Il voyait bien cette lutte intérieure, il l’avait déjà expérimentée, pour d’autres raisons, à moindre intensité. Quoiqu’aucune peine ne soit soumise à un possible classement d’échelle »

« Cette grande solitude qu’il ressentait depuis plusieurs semaines, dans ses décisions, dans ses questionnements, dans son emploi du temps, ne lui apparaissait plus comme un vide angoissant mais comme une force à laquelle se mesurer »

Ma note : 9/10

%d blogueurs aiment cette page :