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La Datcha – Agnès Martin Lugand

La Datcha – Agnès Martin Lugand

Quatrième de couverture :

« L’homme venait de me déposer dans un décor de rêve, dont je n’aurais même pas soupçonné l’existence. L’hôtel en lui-même était imposant, majestueux ; les pierres, les grands volets, les immenses platanes tout autour de la cour, la fontaine couverte de mousse qui lui conférait un aspect féerique. Je ne tiendrais pas deux jours, je n’étais pas à ma place. Devais-je fuir immédiatement, retrouver ma vie d’errance dont je connaissais les codes, où je savais comment survivre, ou bien rester et tenter ma chance dans ce monde inconnu, étranger, mais qui exerçait sur moi une attraction aussi soudaine qu’incontrôlable ? »

Mon avis :

Une rencontre qui bouleverse une vie, un lieu capable de vous posséder, une famille prête à changer le cours de votre existence… On parle souvent de chance dans la vie. Il suffit souvent d’être au bon endroit, au bon moment. Une histoire particulièrement émouvante, qui m’a habitée du début à la fin.

Hermine est une jeune femme désœuvrée et abîmée par la vie, lorsqu’elle rencontre Jo, la soixantaine, par hasard. En pleine recherche d’emploi, il lui propose de le suivre, lui offrant d’être logée et nourrie. Seule contrepartie : ne pas compter ses heures de travail dans l’hôtel qu’il tient. Démunie, elle accepte et décide d’accorder sa confiance à cet homme, surgit de nulle part.

La Datcha, cette demeure familiale, est située dans un cadre somptueux, calme et apaisant, au cœur du magnifique parc régional du Lubéron. Un endroit presque trop beau pour être vrai, très loin de l’environnement dans lequel elle a grandi.

On retrouve rapidement Hermine vingt ans après son arrivée à la Datcha. On comprend très vite les liens qui unissent Jo et sa femme Macha, ce couple fusionnel, à celle qu’ils surnomment avec beaucoup d’affection Goloubka. Aux portes d’un drame qui risque bien de tout changer pour Hermine. Interrogations, doutes et craintes vont l’habiter, réveillant en elle de profondes blessures.

A travers l’histoire de cette bâtisse qui abrite de lourds secrets, on découvre les pans de vie de Macha et Jo. Une vie remplie d’amour, de fêtes, de musique et danse. Un couple à l’unisson, généreux. Des sentiments intenses. Hermine leur doit tout. Ils lui ont apporté la confiance qui lui manquait, l’équilibre d’une famille qu’elle n’a jamais connu, la douceur et l’affection réparatrice. Un amour protecteur et guérisseur qui élève plus haut et rend plus fort.

Ce livre m’a tenue en haleine dès les premières pages. Impossible de le lâcher tant je me suis attachée à la fragilité d’Hermine, à l’amour fou qui unit ce couple mythique que forme Jo et Macha. Il y a également beaucoup de pourquoi ? J’ai tourné les pages de manière inéluctable, à la recherche des mêmes réponses qu’Hermine. Je me suis glissée dans son personnage avec tant d’empathie, dans sa quête de vérité et son besoin irrépressible d’amour. Pourquoi tant de tabous et non dits ?

J’ai senti l’émotion monter, le cœur serré de douleur mais aussi d’espoir. Il y a tant d’amour à revendre, de décisions à prendre, de douleur et sacrifices. Ce livre donne envie de croire en l’amour et ses pouvoirs réparateurs, en l’attente d’un bonheur qu’il est impossible de laisser filer et s’échapper. Seul le temps peut permettre d’accorder des pardons libérateurs et de guérir des blessures les plus profondes.

Un livre que j’ai eu du mal à refermer tant l’envie folle et irrépressible, de continuer à vivre dans ce lieu habité par une âme, est forte. Désir de prolonger mon séjour dans cette atmosphère inestimable, remplie d’un amour inestimable.

Un livre puissant et inoubliable comme je les aime profondément. Je vous le conseille de tout mon cœur car cette histoire est bouleversante d’humanité ❤️❤️❤️❤️ Je relis rarement deux fois un livre mais celui-ci pourrait bien faire exception. En espérant secrètement qu’Agnès accepte de nous offrir un voyage retour à la Datcha. Que ma prière soit entendue ☺️🙏

Mes extraits :

• « Je voulais que, malgré le chagrin, tout le monde soit heureux. Je voulais que Macha se dise que son Jo était parti à l’image de sa vie, en convivialité, en musique. Le bonheur de ses clients, de ses amis et de sa famille était tout ce qui lui importait. La vie de la Datcha me permettait d’affronter, de garder la tête haute. D’être fière. Comme ils me l’avaient appris »

• « Tant d’incrédulité face à la générosité et la gentillesse infinies de Jo et Macha. Ils me tendaient la main, ils m’attrapaient contre eux, ils me protégeaient comme personne ne m’avait protégée jusque-là. Ils m’offraient le repos. Ils m’accueillaient sans réserve, sans jugement, telle que j’étais »

• « Tu as tellement travaillé. Tu as tellement appris. Tu ne t’es jamais laissé abattre ni décourager. Tu as voulu tout savoir, tout comprendre. Tu t’es tellement impliquée…Jo était si fier de ce que tu es devenue »

• « Malgré toutes mes questions, mes incertitudes, le parvenais à goûter au bonheur d’avoir mes enfants à mes côtés. Macha m’avait fait lui promettre de profiter d’eux, de ne pas laisser le temps, la vie me les voler »

• « Je n’étais jamais seule avec Macha et Jo. Quand j’étais arrivée à la Datcha, mon existence se résumait à un naufrage. Je m’étais reconstruite grâce à eux, grâce à la stabilité qu’ils m’avaient apportée, leur patience, leur amour. Ils étaient là, à mes côtés, indéfectibles et aimants. Cette présence me rassurait , me procurait l’affection dont j’avais désespérément besoin »

• « Vassily était stoïque devant la tombe de sa famille, sa silhouette était impressionnante et émouvante. Je n’aurais jamais songé que l’image d’un homme, lui ou un autre, seul, dans son costume sombre, au milieu d’un cimetière écrasé de soleil, entouré du chant des cigales, puisse être aussi saisissante, aussi violente »

• « Une phrase de Macha me revint en mémoire, le soir de l’enterrement de Jo, elle m’avait obligée à vivre mon chagrin, à le faire sortir. Macha, même si elle était dans la retenue, pensait qu’il fallait pleinement vivre ses sentiments, son ressenti, pour vivre avec et ne pas se laisser ronger. Devais-je lâcher la bride, me laissant davantage porter par les événements ? »

• « Avec Macha et Jo, j’avais découvert l’amour. L’amour qui fait du bien, qui soigne, qui répare, qui fait grandir »

• « Ne méritais-je pas d’être aimée, sans condition, sans rupture, sans séparation ? Ne méritais-je pas de vivre sans ce vide permanent au fond du ventre et du cœur ? Sans être seule à chaque instant, sans vivre avec la terreur que quelqu’un s’en aille ? »

Ma note : 10/10

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