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Grandir un peu – Julien Rampin

Grandir un peu – Julien Rampin

Quatrième de couverture :

Une vieille bâtisse en pierre aux volets bleus, perchée sur une colline, loin de tout. C’est là que Jeanne trouve refuge quand elle décide, sur un coup de tête, de partir avec sa collection de vinyles sous le bras pour fuir un mari indifférent et une existence qui ne lui ressemble pas.

Cette maison est le royaume de Raymonde, une grand-mère fantasque et rebelle à la recherche d’une dame de compagnie, et de Lucas, son petit-fils. Tandis que les chaudes journées d’été défilent, tous trois s’apprivoisent et vivent une parenthèse enchantée, hors du temps. Mais le temps hélas ne s’arrête jamais vraiment, et la vie va bientôt les rattraper pour les obliger à grandir un peu…

Mon avis :

J’ai découvert l’auteur sur Instagram, sous le nom de la bibliothèque de Juju. J’ai tout de suite accroché et apprécié sa sincérité, son sourire, ses mots emplis de poésie et d’empathie, son accent chantant du sud-ouest. Sa douceur qui réchauffe les cœurs et illumine nos journées. Sa délicatesse fait de lui une personne dont on se sent proche et qui donne envie de découvrir sa plume. Alors bien sûr, dès qu’il a annoncé la sortie de son premier livre, je savais qu’il me serait impossible de résister bien longtemps.

L’exubérante Raymonde et son petit-fils Lucas, beau comme un Dieu, ainsi que la réservée Jeanne ont pris une place importante ces deux derniers jours dans mes pensées. De vraies belles personnes, généreuses, avec une bonté de cœur qui saute aux yeux. Ces personnages vont faire pétiller vos cœurs. Laissez-les entrer sans aucune crainte, ils vont le rendront au centuple et vous aideront peut-être, à grandir un peu…

Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent – Antoine de Saint-Exupéry

Des personnages pleins de tourments dont la vie ne leur a pas réservé que du bon. Mais avec un cœur gros comme ça !!!!! On découvre ce lien indéfectible entre Raymonde et Lucas, tellement touchant qu’il en a bouleversé mon petit cœur sensible. Lucas, mon petit Lucas. Celui qui m’a fait devenir maman et me remplit le cœur d’un amour infini. Celui qui passe toujours en premier tant voir son rire enjôleur me comble de bonheur. Celui que je veux protéger coûte que coûte et aider à grandir en lui offrant le meilleur de moi-même.

Une histoire bouleversante, où l’amour ne se dit pas forcément à voix haute mais se prouve à chaque instant. La sensibilité, ce sentiment à conserver coûte que coûte pour vivre et ressentir l’amour profondément. Tous ces moments de bonheur qui nous collent à la peau, ces souvenirs d’enfance qui nous permettent de devenir ces adultes forts. Être là toujours pour ceux que nous aimons, à travers nos rires éblouissants et nos larmes qui parfois débordent d’émotion. Cette sincérité et cette volonté de rendre heureux ceux que nous chérissons.

Un livre de chevet à conserver précieusement près de soi pour ne pas jamais oublier de garder son âme d’enfant, son ouverture d’esprit sans jamais se précipiter dans notre jugement d’autrui, se donner la peine d’apprendre à se connaître en se confiant en totale franchise. Ouvrir son cœur, ses bras, son regard pour accueillir nos différences, nos richesses.

Grandir un peu, c’est se mettre des coups de pieds aux fesses, oser rompre une vie qui ne nous correspond pas vraiment, accepter d’être soi-même avec nos forces et nos faiblesses, savoir ouvrir son cœur à l’inconnu, apprendre à pardonner, laisser son passé derrière soi pour se concentrer sur le présent, croire en soi et surtout désobéir…

Félicitations Julien pour ce condensé d’émotions, cette écriture qui va droit au cœur et vivement le prochain roman. Écris-nous encore de nombreuses belles histoires.

Mes extraits :

• « J’adore lire. Je pourrais passer ma vie à lire, en fait, enchaîne Lucas. C’est comme avoir des milliers d’amis dont on peut prendre des nouvelles lorsqu’on le souhaite. Juste en ouvrant un livre. Je trouve que les gens qui ne lisent pas manquent d’ouverture. Lire, c’est vivre d’autres existences. Visiter des pays inconnus. Être quelqu’un d’autre. Comprendre des choses qui nous échappent complètement parfois »

• « Imaginer son petit-fils se régaler de ses plats lui procure toujours une vraie satisfaction. Comme si telle était sa mission. Offrir à Lucas des petits bonheurs. Simples, mais essentiels »

• « C’est toi qui décides, Lulu. Tu décides ce que tu aimes, tu décides qui tu aimes, tu décides ce que tu aimes faire. Il n’y a que toi qui peux savoir qui tu es vraiment. Ne laisse personne te dire qui tu es, mon Lulu »

• « Plus on vieillit et plus on disparaît. Je veux dire, nous ne sommes pas encore morts que tout le monde nous enterre déjà. On vit dans une société où prendre de l’âge implique de devenir inutile, obsolète, bon pour la casse. C’est pour ça que ça va mal. Une civilisation qui va de l’avant respecte ses vieux. Dans certains endroits du monde qui ne sont pas encore laissé détruire par la vie moderne, les personnes âgées sont des sages, elles prennent part aux décisions importantes de la vie du groupe. Elles sont considérées comme les personnes qui détiennent la connaissance »

• « Il se bat contre la peine. Il lutte contre l’absence. Il se débat contre l’inacceptable. Contre cette douleur terrible. Celle du plus jamais. Il sait qu’il va marcher courbé pendant longtemps. Il sait qu’il va falloir être fort. Encore plus. Toujours plus. Pour elle, et pour tout ce qu’elle lui a offert. Il sait aussi qu’elle sera toujours là, dans un coin de ses tripes »

• « L’existence est drôlement faite, quand même. On peut passer des années à côtoyer des gens qui effleurent à peine ce que nous sommes. Et un matin, on croise quelqu’un qui percute nos ambitions intimes. Fracasse nos millions de carapaces, en un éclat de rire »

• « Jeanne avait compris au contact de cette merveilleuse vieille femme à quel point les êtres qui nous entourent sont des puzzles. Dont personne ne possède toutes les pièces. Nous ne voyons que les bribes de ce qui constitue une personne. Nous la rencontrons à un instant de sa vie. Avec son lot de secrets, de non-dits, de fardeaux à porter. On se fait alors une image, plus ou moins déformée. Et prendre le temps de découvrir quelqu’un, l’aimer peut-être, c’était cette envie de recoller les morceaux. D’imaginer l’enfant qu’il avait été, les rêves qui l’avaient nourri, les déceptions qui l’avaient fait chavirer. C’était entrevoir les combats menés contre soi-même, ces désillusions intimes et fracassantes qui constituent un être »

• « C’est tellement précieux. Il faut dire merci, Jeanne. A ceux qui nous soulagent de vivre. A ceux qui nous illuminent. Pour de vrai »

• « Tout ça pour te dire, mon Lucas, qu’il y a des êtres sur qui on peut compter. Ils sont rares, mais lorsque le destin les met sur notre chemin, cela te ferait presque imaginer que le Bon Vieux est bienveillant »

• « Et n’oublie pas, ma Jeannette, qu’aucun homme ne doit te faire croire que tu n’es pas quelqu’un d’exceptionnel. Aucun homme ne peut te limiter. Personne sur Terre ne peut t’empêcher d’être ce à quoi tu te destines. Si je peux te laisser quelque chose, je te lègue cet ordre-la. Celui d’exister. De ne pas t’excuser d’être là. De vivre. Pour toi. De savoir pardonner. Et de surtout désobéir »

• « Ces éclopés de la vie qui croient au fameux miracle. Qui attendent qu’il se produise. Mais qui ne renonceront pas à leur foi pour autant si celui-ci ne survient pas. Jeanne se dit que ce doit être beau, de croire. Ça doit faire drôlement de bien dans l’adversité »

Ma note : 9,5/10

J’aurais aimé rester plus longtemps avec ce trio terriblement attachant

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